26.03.2001 - TPIR/MEDIAS - LE PROCES AJOURNE JUSQU'AU 4 AVRIL

Arusha 26 mars 2001 (FH) - Le procès des anciens responsables "des médias de la haine" a été ajourné jusqu'au 4 avril prochain, a-t-on appris lundi au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le Tribunal avait entamé l'audition de l'historien rwandais exerçant en France, José Kagabo, dont le contre-interrogatoire a été fixé à la reprise des débats.

2 min 9Temps de lecture approximatif

José Kagabo dépose contre l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des mile collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, lui même historien.

Ferdinand Nahimana est coaccusé avec l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, et l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze. Ancien professeur à l'université nationale du Rwanda, Ferdinand Nahimana a été directeur de l'Office rwandais D'information (ORINFOR), avant la création de la RTLM. l'ORINFOR gérait les médias officiels de l'Etat rwandais dont la radio nationale rwandaise, Radio Rwanda.

José Kagabo a affirmé qu'en tant que directeur de l'ORINFOR, Ferdinand Nahimana "avait le rang de ministre. A ce titre, il participait au conseil des ministres. Il s'exprimait au nom du gouvernement. Il avait le pouvoir de censure".

Expliquant les raisons qui ont occasionné le départ de Ferdinand Nahimana de l'ORINFOR, le quinzième témoin de l'accusation a indiqué que "il lui était notamment reproché [....] D'avoir laissé diffuser un communiqué du comité militaire en 1991 et un communiqué qui a attisé les massacres [de Tutsis en 1992] au Bugesera". José Kagabo a ajouté que l'accusé a été considéré comme "un attiseur de haine sur les ondes D'une radio nationale. Il a été obtenu qu'il soit démis de ses fonctions pour ses motifs là."

José Kagabo a accusé par ailleurs Ferdinand Nahimana D'avoir été du "côté des extrémistes" dès l'âge de 23 ans, lorsqu'il était encore étudiant. "J'ai vu Nahimana [...] Je l'ai vu faire partie de bandes armées extrémistes, le comité de salut public", à Butare (sud du Rwanda) en 1973. Le comité de salut public avait élaboré des listes de Tutsis qui ont été par la suite expulsés des milieux scolaires, universitaires et dans le secteur de l'emploi, selon les témoins de l'époque.

José Kagabo a en outre qualifié l'accusé de "théoricien de l'extrémisme". Selon José Kagabo, Ferdinand Nahimana, en février 1993, a "préconisé et théorisé la notion D'auto défense civile, ce qui deviendra les milices". Le témoin a indiqué qu'il l'avait été personnellement traité "D'ennemi du pays" par Ferdinand Nahimana lors D'une conférence de presse qu'il a tenue à Paris, peu après l'attaque menée contre le Rwanda par le Front patriotique rwandais (FPR, ex-rébellion à dominante tutsie) en octobre 1990. "Nahimana défendait la position officielle du régime", au cours de cette conférence de presse, selon José Kagabo.

Le parquet devrait terminer la présentation de ses moyens de preuve en juillet. Il lui reste à citer environ vingt cinq témoins, selon le substitut camerounais du procureur, William Egbe. Parmi eux figure l'ancien présentateur italo-belge à la RTLM, Georges Ruggiu, qui a été condamné à 12 ans D'emprisonnement par le TPIR, après avoir plaidé coupable. Un autre membre du personnel de la RTLM, l'ancienne présentatrice rwandaise Valérie Bemeriki, est quant à elle détenue au Rwanda. La plupart D'anciens collaborateurs de cette radio sont présumés morts.

AT/PHD/FH (ME_0326A)