Le témoin a D'une manière répétée accusé le conseil de "temporiser" en lui posant des questions "sans intérêt", car, selon lui, l'avocat est payé à l'heure. Me Martel avait notamment relevé que le témoin s'était présenté sous un faux nom, mettant ainsi en cause sa crédibilité. l'avocat avait par ailleurs demandé au témoin de le regarder droit dans les yeux lors du contre-interrogatoire, voulant notamment vérifier ses réactions et sa mimique.
Le témoin s'est quant à lui plaint de sa sécurité physique, considérant que cette demande de l'avocat serait motivée par D'autres raisons "cachées". "Ce n'est pas moi qui ai disposé les tables comme ça", a déclaré le témoin, qui s'exprimait en sa langue maternelle, le kinyarwanda, soupçonnant ouvertement le défenseur de vouloir "peut-être lui prendre des photographies" qui seraient utilisées hors de la Cour.
Désigné par les lettres "AFB" pour protéger son anonymat, le témoin est caché du public par un rideau opaque et ne peut être vu que par la Cour et les parties au procès.
La présidente de la chambre, la juge sud-africaine Navanethem Pillay, a assuré le témoin que toutes les mesures nécessaires avaient été prises pour sa protection, ajoutant qu'il en est de même pour l'ensemble des témoins rwandais qui comparaissent dans ce Tribunal.
Le témoin s'est toutefois montré sceptique, indiquant que si sa sécurité est assurée à Arusha, il n'en sera pas de même à Kigali et au Kenya où il se rend souvent pour des affaires. Cambiste à Gisenyi (nord du Rwanda) en 1994, le témoin est actuellement propriétaire D'une maison de commerce.
Le parquet avait auparavant indiqué que Hassan Ngeze avait envoyé à ce témoin une carte de voeux, considérant cela comme de l'intimidation.
La juge Pillay a demandé au témoin de s'entretenir avec le service chargé de la protection des témoins au TPIR pour de plus amples explications.
Un autre témoin du parquet était allé jusqu'à refuser de répondre aux questions des avocats et de la cour, déclarant qu'il en avait "marre".
Hassan Ngeze est coaccusé avec l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, et l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza. Ce dernier boycotte ce procès depuis son ouverture sur le fond en octobre 2000, arguant que le TPIR est manipulé par le gouvernement rwandais.
AT/PHD/FH (ME_0307A)