27.02.2001 - TPIR/MEDIAS - BARAYAGWIZA ACCUSE LE TPIR DE TORTURER MORALEMENT SA FAMILLE

Arusha 27 février 2001 (FH) - l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la Radio-télévision libre des mille collines (RTLM), Jean-Bosco Barayagwiza, a accusé le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) de torturer moralement les membres de sa famille, a-t-on appris mardi à Arusha. "C'est avec une grande indignation que je vous fais part de la torture morale dont sont victimes des membres de ma famille, dont trois de mes enfants en bas âge et leur maman qui ont été pris en otage à Kigali sur demande du TPIR", a écrit Jean-Bosco Barayagwiza, dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, avec copie à l'ensemble des juges du TPIR et aux médias.

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Jean-Bosco Barayagwiza réagissait à une déclaration du huitième témoin du parquet dans le procès des anciens responsables des médias, en cours au TPIR. Ce témoin avait affirmé, dans sa déposition lundi, que l'accusé a divorcé D'avec sa femme quand il a découvert qu'elle était tutsie.

Le substitut camerounais du procureur, William Egbe, a indiqué qu'il avait l'intention de citer l'ex-épouse de Barayagwiza pour témoigner contre son mari.

Dans le procès des médias, Jean-Bosco Barayagwiza est coaccusé avec l'ancien promoteur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, et l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze. Jean-Bosco Barayagwiza boycotte ce procès depuis son ouverture sur le fond le 23 octobre 2000.

"Mon indignation ne porte pas tant sur les mensonges que le procureur sert à la Cour au moyen de faux témoignages, parce que cela est devenu un lieu commun. Ma révolte est suscitée par la séquestration de mes enfants pris en otage pour contraindre leur maman à venir témoigner contre moi", poursuit Jean-Bosco Barayagwiza dans sa lettre.

"Je sais aussi qu'avant ces révélations du témoin ABE, le témoin AAM avait dévoilé au public l'identité D'autres membres de ma famille, en l'occurrence mes frères, qui ont été ainsi mis en danger de mort. Tout porte à croire que D'autres témoins du procureur pourront dévoiler les noms D'autres membres de ma famille, témoins éventuels ou victimes des événements dramatiques qui ont eu lieu au Rwanda depuis 1990 jusqu'à maintenant", ajoute l'accusé.

"Je tiens à déclarer, solennellement, que je tiens le TPIR et ses dirigeants ainsi que l'organisation des Nations unies, pour responsables de l'insécurité physique et de la torture morale dont sont victimes les membres de ma famille, quelle que soit leur ethnie, par la faute de ce Tribunal", dit-il.

Jean-Bosco Barayagwiza invite le secrétaire général de l'ONU à "prendre les mesures qui s'imposent pour exiger le respect par tous du statut et du règlement de procédure du TPIR et pour qu'il soit mis fin aux méthodes terroristes et inhumaines utilisées par le procureur et ses collaborateurs pour recueillir des faux témoignages contre les accusés. Je vous conjure de protéger mes enfants et leur maman contre les conséquences graves qui résulteraient de la prolongation du traumatisme auquel ils sont assujettis injustement."

La déposition du huitième témoin de l'accusation se poursuivait mardi après midi.

AT/PHD/FH (ME_0227C)