21.02.2001 - TPIR/MEDIAS - UN TEMOIN ALLEGUE QUE SON ANONYMAT N'A PAS ETE SUFFISAMMENT PROTEGE

Arusha 21 février 2001 (FH) - Un témoin cité dans le procès des anciens responsables "des médias de la haine" a allégué que son anonymat n'a pas été suffisamment protégé, lors de sa déposition mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) Désigné par les lettres "AGR" pour ne pas révéler son identité au public, le septième témoin du parquet a déclaré, à un moment donné, qu'il ne servait à rien de répondre par écrit à une question que lui posait un avocat de la défense, alléguant que le Tribunal ne s'est pas occupé de sa sécurité de manière satisfaisante. "Ce secret dont vous parlez peut être celui de polichinelle.

2 min 2Temps de lecture approximatif

A voir la manière dont J'ai été interrogé aujourD'hui, tout le monde qui a vécu au Rwanda [dans les années 1990] peut m'avoir identifié", a dit le témoin.

Ancien journaliste à l'Office rwandais D'information (ORINFOR), AGR a principalement témoigné contre l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des mille collines (RLTM), qui a également dirigé cette institution étatique entre 1991 et 1992.

Sont concernés par ce procès, outre Ferdinand Nahimana, l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, et l'ancien directeur et rédacteur-en-chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze.

Le témoin a, plus D'une fois, révélé en public, les différentes fonctions qu'il a occupées dans l'administration rwandaise, obligeant le Tribunal à ordonner que les parties concernées de la déposition soit effacées des enregistrements écrits et vidéos.

l'avocate anglaise Me Diana Ellis, co-conseil dans l'affaire Nahimana, qui contre-interrogeait le témoin, a indiqué que ces dérapages étaient dus au fait que le témoin tentait D'esquiver les questions qui lui étaient posées.

La présidente de la chambre, la juge sud-africaine Navanethem Pillay a estimé pour sa part que le Tribunal ne pouvait rien faire en matière de protection si le témoin n'était pas suffisamment prudent pour ne pas dévoiler son identité.

Avant que le témoin n'entame sa déposition lundi, Me Diana Ellis avait tenté, dans une séance à huis clos, de persuader le Tribunal à lever sa protection afin qu'il témoigne en public, mais sa requête a été rejetée.

Me Ellis arguait notamment qu'elle disposait D'informations selon lesquelles le témoin était une personnalité publique, qui ne nécessitait par conséquent pas de mesures spéciales de protection.

l'avocate anglaise a souvent suggéré que le témoin mentait, provoquant la protestation du parquet.

"Vous êtes donc venu témoigner pour vous assurer de garder votre place au gouvernement et pour mentir contre Ferdinand Nahimana?", a demandé Me Ellis au témoin.

M. AGR a répliqué: "Je ne sais pas qui est le plus grand menteur [entre nous deux]. La personne qui viendrait de Kigali pour mentir ou celle qui viendrait D'Europe"?

Un journaliste français, qui suit régulièrement les travaux du TPIR, a soupiré, entre deux audiences, en se disant étonné "par cette façon rwandaise de répondre aux questions".

AT/PHD/FH (Me_0221b)