07.02.2001 - TPIR/MEDIAS - DES PROCHES D'UN TEMOIN TUES A l'INSTIGATION D'UNE RADIO EXTREMISTE

Arusha 7 février 2001 (FH) - Un témoin a affirmé, lors de sa déposition, mercredi, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), que certains de ses parents avaient été tués à l'instigation D'une radio extrémiste. Désigné par les lettres "FS" pour protéger son anonymat, le cinquième témoin de l'accusation dans le procès des anciens responsables des médias a indiqué que la famille de son grand frère avait été décimée pendant le génocide anti-tutsi et les massacres D'opposants après que son nom ait été cité sur les ondes de la Radio-télévision libre des milles collines (RTLM).

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Le frère du témoin a été tué en même temps que son épouse et leurs sept enfants, a-t-il précisé.

Le parquet allègue que "les Tutsis et D'autres personnes ont été tués, ont subi de graves atteintes à leur intégrité physique et morale, et ont été persécutés en raison des émissions de RTLM".

Sont concernés par le procès des médias, l'ancien directeur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, et l'ancien directeur et rédacteur-en-chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze.

Le témoin a rapporté que Kangura avait également "pointé du doigt", avant le génocide, des individus qui ont été par la suite tués. Kangura n'a pas été publié entre avril et juillet 1994. Selon la déposition de M. FS, un rescapé tutsi de 40ans, originaire de la préfecture de Gisenyi (ouest du Rwanda), la presse a tué plus que la machette.

Le témoin a affirmé que la RTLM visait à promouvoir les idées du "hutu power"[extrémisme hutu]. M. FS a ajouté que Ferdinand Nahimana, Jean-Bosco Barayagwiza et un homme D'affaires recherché par le TPIR, Félicien Kabuga, auraient appelé l'assistance à soutenir financièrement la RTLM au cours D'un meeting de l'ex-parti présidentiel organisé en 1993, auquel avaient été invités les leaders des partis politiques qui soutenaient "le hutu power". Hassan Ngeze et plusieurs journalistes de la RTLM étaient également présents à ce meeting, D'après FS.

Jean-Bosco Barayagwiza boycotte le procès des médias depuis son ouverture sur le fonds le 23 octobre 2000. Mardi, ses avocats ont été autorisés à se retirer de l'affaire. Le greffier a nommé mercredi l'avocat italien, Me Barletta Caldarera, comme nouveau défenseur de Jean-Bosco Barayagwiza.

Me Caldarera avait auparavant été désigné pour représenter l'ancien maire de Taba (préfecture Gitarama, centre du Rwanda), Jean-Paul Akayesu, en appel, mais celui-ci l'avait récusé. Dans un communiqué remis à la presse dimanche dernier, Jean-Bosco Barayagwiza avait affirmé qu'il refusera tout défenseur qui lui sera commis dans l'intérêt de la justice "puisqu'il n'existe pas de justice dans ce Tribunal".

Hassan Ngeze boycotte également ce procès depuis lundi dernier, protestant notamment contre une fouille effectuée dans sa cellule le 10 janvier 2001 par des agents du TPIR. Le Tribunal devrait trancher cette question la semaine prochaine.
AT/MBR/FH (ME_0207B)