24.01.2001 - TPIR/CYANGUGU - DEUX DES ACCUSES AURAIENT ATTAQUE DES TUTSIS SUR UN TERRAIN DE JEU

Arusha 24 janvier 2001 (FH) - Deux des accusés du groupe poursuivi pour des crimes commis à Cyangugu (sud-ouest du Rwanda) auraient attaqué des Tutsis regroupés sur un terrain de jeu, a affirmé un témoin entendu mercredi par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Désigné par les lettres "LAB" pour protéger son anonymat, le dix-septième de l'accusation a indiqué que l'ancien préfet de Cyangugu, Emmanuel Bagambiki et l'ex-commandant de la garnison militaire de la place, le lieutenant Samuel Imanishimwe, étaient présents lors D'une attaque lancée contre des Tutsis à Gashirabwoba, en commune Gisuma, en avril 1994.

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Emmanuel Bagambiki et Samuel Imanishimwe sont coaccusés avec l'ancien ministre des transports et communications sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura, originaire de Cyangugu.

Le préfet Emmanuel Bagambiki et le commandant Samuel Imanishimwe auraient demandé aux Tutsis rassemblés à Gashirabwoba de ne pas quitter les lieux, prétendant qu'ils avaient amenés des soldats pour les protéger.

Le commandant Imanishimwe aurait par la suite donné le signal de l'attaque, après avoir ordonné aux militaires et aux miliciens D'encercler les réfugiés.

Les assaillants ont utilisé des fusils, des machettes et des "gourdins modernes" préalablement distribués par Samuel Imanishimwe et Emmanuel Bagambiki, selon le témoin.

Le témoin LAB, un Hutu de 35 ans, a affirmé avoir pris part à l'attaque de Gashirabwoka. Il a indiqué en outre qu'il avait participé à des entraînements militaires supervisés par le lieutenant Imanishimwe et l'ancien préfet Bagambiki.

Les entraînements auraient eu lieu sur un terrain de football situé dans un boisement attenant à l'usine à thé de Shagasha en commune Gisuma et dans la forêt naturelle de Nyungwe.

Le témoin a par ailleurs accusé André Ntagerura D'avoir distribué des armes destinées aux miliciens sur le territoire de la préfecture. l'ancien ministre aurait également ordonné le meurtre de 21 personnes, dont 18 femmes tutsies, à Nyamuhanga dans sa commune natale de Karengera.

LAB a par ailleurs indiqué avoir participé à une autre attaque contre des Tutsis au lieu-dit Nyarushishi, en présence de Bagambiki et Imanishimwe.

Le procès du groupe Cyangugu se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge jamaïcain, George Williams, et comprenant en outre les juges russe, Yakov Ostrovsky, et slovène, Pavel Dolenc. Les coaccusés plaident non coupables.

AT/PHD/FH (CY_0124A)