Le président serbe reporte une visite après un différend avec la présidence de Bosnie

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Le président serbe a reporté sa visite à Sarajevo à la suite de l'opposition à ce déplacement du membre musulman de la présidence de Bosnie en raison de l'arrestation en Suisse, à la requête de Belgrade, de Naser Oric, l'ex-commandant musulman de Srebrenica pendant le conflit de 1992-95.

"Le président Tomislav Nikolic se rendra en Bosnie lorsque les trois membres de la présidence (bosnienne) parviendront à un consensus sur ce sujet", a fait savoir la présidence serbe dans un communiqué.

Naser Oric, en détention en vue de son extradition depuis le 11 juin, est recherché pour crimes de guerre par Belgrade qui a émis à son encontre un mandat d'arrêt en février 2014.

"J'exige le report de la visite (du président serbe) jusqu'à la fin de la procédure juridique en cours et jusqu'au retour de M. Oric en Bosnie", avait écrit auparavant dans la journée, Bakir Izetbegovic, dans un message adressé aux deux autres membres (serbe et croate) de la présidence tripartite tournante de Bosnie.

M. Nikolic devait effectuer mardi sa première visite officielle à Sarajevo, la capitale bosnienne, depuis son élection en 2012.

Les deux autres membres de la présidence bosnienne pouvaient en principe rejeter la demande de leur collègue musulman, et voter pour le maintien de la visite, mais un tel scénario aurait constitué un précédent.

Le président en exercice, le Serbe Mladen Ivanic, cité par l'agence de presse Fena, avait indiqué qu'il n'y avait pas de consensus au sein de la présidence à ce sujet.

Dans sa demande, M. Izetbegovic rappelait que la Serbie et la Bosnie avaient signé en 2013 un accord de coopération juridique prévoyant que les dossiers concernant les crimes de guerre seraient cédés à la justice du pays d'origine du suspect.

"M. Oric est un ressortissant bosnien, nous nous attendions à ce que son dossier soit cédé à la Bosnie. Dans la situation actuelle, la visite du président de la Serbie en Bosnie ne déboucherait pas sur les résultats attendus", avait ajouté M. Izetbegovic.

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) avait condamné Naser Oric à deux ans de prison en 2006, pour ne pas avoir empêché des mauvais traitements et des meurtres à l'encontre de la population serbe, mais il l'avait acquitté en appel en 2008.

L'arrestation de M. Oric, 48 ans, a provoqué la colère des familles de quelque 8.000 hommes et garçons musulmans massacrés par les forces serbes de Bosnie, à Srebrenica, en juillet 1995. Cette tuerie, la pire en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale, a été qualifiée de génocide par la justice internationale.