18.09.2000 - TPIR/MEDIAS - LE PROCES DES MEDIAS NE S'EST PAS OUVERT SUR LE FOND

Arusha 18 septembre 2000 (FH) - Le procès des responsables des "médias de la haine" n'a pas commencé lundi matin comme initialement prévu. "Cette affaire avait été fixée pour le début du procès mais nous avons reçu un certain nombre de requêtes importantes que nous avons décidé D'entendre avant de procéder au début du procès", a indiqué la juge sud-africaine Navanethem Pillay, qui présidait les débats de la première chambre de première instance du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Le procès des responsables des médias concerne l'ancien directeur de la Radio-télévision libre des Mille Collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, l'ancien directeur des affaires politiques au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi que l'ex-directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze. Ils sont coaccusés de génocide et de crimes contre l'humanité.

Les requêtes retenues sont notamment celle présentée par la défense de Ferdinand Nahimana demandant le dessaisissement de la juge sud-africaine Navanethem Pillay et du juge norvégien Eric Mose. Les avocats de Nahimana estiment que les deux juges, ayant participé au jugement de condamnation de l'ancien présentateur italo-belge à la RTLM, Georges Ruggiu, ne peuvent être impartiaux dans cette affaire.

Georges Ruggiu a été condamné à 12 ans D'emprisonnement le 1er juin dernier pour incitation à commettre le génocide. Il devrait témoigner dans le procès des responsables des médias. La défense de Nahimana a affirmé que Ruggiu est "un témoin douteux".

La défense de Nahimana ajoute la juge Pillay a `par ailleurs déjà exprimé son opinion sur la RTLM lors du jugement de l'ancien maire de Taba (préfecture Gitarama, centre du Rwanda), Jean-Paul Akayesu, en septembre 1998, en retenant que la station de radio aurait, selon elle, incité au génocide des Tutsis.

La défense de Nahimana entend également demander "l'arrêt de la procédure en cours pour abus". l'accusé étant détenu depuis 1996, ses avocats estiment que son droit à être jugé sans retard a été violé.

l'accusé Barayagwiza entend pour sa part plaider les vices de forme de l'acte D'accusation et demander un procès séparé.

Le parquet, de son côté, demande à la chambre D'ordonner le transfert de trois témoins détenus au Rwanda, pour témoigner dans le procès. Le Rwanda détient notamment une ancienne présentatrice à la RTLM, Valérie Bemeriki, notent les observateurs.

Procès de Cyangugu ouvert sur le fond

Le Tribunal a en revanche ouvert le procès du groupe Cyangugu (sud-ouest du Rwanda) comprenant l'ancien ministre des transports, André Ntagerura, le préfet de Cyangugu, Emmanuel Bagambiki, et le commandant de la garnison militaire de Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe.

En début D'audience, André Ntagerura a demandé le retrait de son avocat principal, l'Ivoirien Me Fakhy Konaté. l'avocat ivoirien était assisté D'un confrère canadien, Me Henri Benoît. André Ntagerura est notamment accusé D'avoir autorisé la RTLM à émettre sur le territoire du Rwanda et de ne lui avoir pas retiré cette licence quand elle a dérapé.

AT/PHD/DO/FH (ME%0918A)