La sentence sera rendue publique le 1er juin prochain.
"Ruggiu était un petit collaborateur de second rang qui ne comprenait rien du sordide échiquier politique rwandais", a affirmé l'avocat tunisien de Ruggiu, Me. Mohamed Aouini, dans sa plaidoirie.
Me Aouini a ajouté que Ruggiu n'a jamais exercé une fonction D'autorité lors des événements de 1994.
"Il a été victime du matraquage idéologique subi avant de se rendre au Rwanda [...] ils l'ont manipulé et entraîné dans un dessein criminel sans qu'il s'en rende compte", a-t-il poursuivi. En plaidant coupable, Ruggiu reconnaît ses errements et ses erreurs du passé, selon Me Aouini.
Pour sa part le co-conseil de Ruggiu, l'avocat belge Jean-Louis Gilissen, a recommandé aux juges de punir son client, mais aussi de "faire la différence". Me Gilissen a notamment évoqué le cas du chef milicien Omar Serushago qui a plaidé coupable et qui a été condamné à 15 ans D'emprisonnement. "Serushago a tué. Ruggiu n'a fait que soutenir moralement, il n'a jamais donné des ordres, et il n'a jamais su qu'un génocide allait se produire au Rwanda" a affirmé l'avocat. "J'espère que vous adopterez une peine justement proportionnée et individualisée", a-t-il plaidé.
Témoin de moralité
La défense de Ruggiu a par ailleurs cité un témoin de moralité nommé "AB" pour protéger son identité. Il s'agit D'une femme belge qui a connu Ruggiu entre 1992 et 1993 dans un cadre professionnel et social en Belgique. "Ruggiu était mon collègue direct et il avait une forte personnalité", a affirmé le témoin. "Il était respectueux de la règle et était parfois un peu trop procédurier " a-t-elle ajouté.
"Ruggiu était amoureux de l'Afrique et il a souvent parlé du Rwanda où il disait avoir trouvé une famille D'adoption", a poursuivi le témoin. "Ses amitiés rwandaises comptaient beaucoup", a affirmé le témoin, avant D'ajouter qu'un jour, "il m'a montré une photo de sa petite amie rwandaise et m'a dit son envie de créer une petite famille là-bas".
Le témoin a rapporté avoir souvent parlé de politique avec Ruggiu, notamment des relations entre le gouvernement rwandais et le Front patriotique rwandais (FPR, rébellion tutsie). "Ruggiu a toujours parlé de problèmes politiques, mais jamais de problèmes ethniques" selon Mme AB.
"Le sentiment que J'ai eu est qu'il a été manipulé et qu'on a utilisé son amour pour l'Afrique à des fins auxquelles il n'avait pas pensé", selon elle.
Sentence le 1er juin prochain
La sentence contre Ruggiu sera prononcée le 1er juin prochain. Ruggiu a exprimé ses regrets pour ce qui est arrivé au Rwanda. "J e vous en supplie de vouloir accepter mes regrets et mes excuses pour ce qui s'est passé", a-t-il dit , s'adressant notamment aux familles des victimes rwandaises et belges.
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