" J'ai plaidé coupable et J'ai confessé ", a-t-il dit aux juges du TPIR, avant de préciser que pendant le génocide en 1994, il avait tué deux hommes et participé à l'assassinat D'une femme, tous D'ethnie tutsie. Il a déclaré par ailleurs avoir tenu un barrage routier non loin du bureau communal de Mabanza, depuis le 14 avril 1994 jusqu'à l'arrivée des militaires français plus de deux mois après.
Selon ce témoin, c'est Bagilishema qui a ordonné l'érection des barrières où les Tutsis et leurs prétendus complices étaient triés, et l'ancien maire aurait pu arrêter les massacres commis à Mabanza s'il l'avait voulu.
"Même les assaillants nommés Abakiga, venus des hautes collines du nord, respectaient ses ordres ", a-t-il affirmé devant les juges.
Le témoin a encore déclaré dit que Bagilishema avait ordonné le 12 avril 1994 que tous les Tutsis qui avaient trouvé refuge au bureau communal de Mabanza se rendent à Kibuye pour leur sécurité, et que ceux qui étaient restés sur les collines soient " recherchés et tués ".
Il a par ailleurs dit aux juges que Bagilishema avait distribué des armes aux assaillants qui allaient combattre les Tutsis qui avaient trouvé refuge dans les collines de Bisesero.
" Les Tutsis ne restaient plus qu'à Bisesero, où se trouvaient notamment les rescapés des massacres perpétrés au stade de Kibuye et sur le mont Karongi ", a-t-il indiqué. Il a cependant ajouté ne pas avoir la certitude que Bagilishema se serait rendu personnellement à Bisesero.
Militaires français mis en cause
Dans sa déposition, le témoin " Z " ,qui est un ancien militaire, a laissé entendre que même les militaires français de " l'opération turquoise " auraient distribué des armes à certains tueurs. "Je sais qu'il y a eu distribution D'armes à la barrière où J'étais, certains les ont par ailleurs reçues des Français, et les autres encore disaient qu'il y avait distribution à Kibuye ", a-t-il dit.
Ignace Bagilishema était maire de Mabanza dans la préfecture de Kibuye (ouest du Rwanda) lors du génocide rwandais en 1994. Il est poursuivi notamment pour génocide, complicité en vue de commettre le génocide, incitation au génocide, divers crimes contre l'humanité, et des crimes de guerre. Son procès a commencé le 27 septembre 1999.
CR/PHD/FH (BS%0208)