07.02.2000 - TPIR/BAGILISHEMA - UN TÉMOIN DÉPOSE EN AVOUANT SA PARTICIPATION AUX MASSA

Arusha, le 7 février 2000 (FH) - Un témoin de l'accusation dans l'affaire de l'ancien maire de Mabanza (préfecture de Kibuye, ouest du Rwanda), Ignace Bagilishema, a déposé lundi, en avouant sa participation aux massacres de 1994, à l'occasion de son audition devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le quatorzième témoin de l'accusation, un paysan hutu de quarante-six ans, actuellement détenu dans une prison rwandaise, a avoué avoir lui-même tué trois personnes, sur un barrage, en face du bureau de la commune dont l'accusé était bourgmestre.

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Le prisonnier, poursuivi par les autorités rwandaises pour crimes de génocide, n'a toutefois pas précisé la relation de l'accusé avec ces tueries, ni son rôle D'autorité dans l'installation des barrages routiers.

"Je ne sais pas qui avait le pouvoir de faire dresser les barrages. Moi J'ai été invité par deux paysans qui tenaient le barrage de Trafipro, en face du bureau communal. Je ne peux affirmer que c'est le bourgmestre qui l'avait fait dresser, même si ceux qui m'y ont appelé m'ont confié que c'était lui qui le leur avait recommandé," a déclaré le témoin à la Cour.

Désigné par la lettre "Y" pour protéger son anonymat, le témoin a précisé que sur les barrages, "nous avions la tâche de veiller à la sécurité, le pays étant en guerre". "Nous recherchions les ennemis du Rwanda", a ajouté le témoin sans autre précision.

"Je les ai tués parce qu'on disait qu'ils étaient ennemis de mon pays", a indiqué le témoin "Y", précisant que deux de ses victimes étaient tutsies, dont l'épouse D'un assistant médical de Mabanza.

Le témoin a indiqué qu'il avait été contraint par le responsable du barrage à tuer la femme du médecin, sous la menace D'être tué à sa place, tandis qu'il avait tué les autres sous promesse D'argent. "J'ai confessé devant Dieu mes crimes, et avoué volontairement devant les autorités rwandaises actuelles", a-t-il déclaré à la Cour.

Le témoin "Y" attend D'être traduit devant un tribunal rwandais. Il a indiqué n'avoir pas été inquiété par les autorités au moment des faits.

Avant cette déposition, le co-conseil de la défense, l'avocat mauritanien Maroufa Diabira, avait demandé le report à mercredi de l'audition des témoins actuellement présents à Arusha, avançant l'absence du conseil principal. La défense estimait qu'elle devrait être au complet pour contre-interroger les témoins, vu le caractère délicat de leurs dépositions.

Les trois témoins sont des prisonniers détenus au Rwanda. Ils seraient prêts à passer aux aveux devant les juridictions nationales. La Chambre n'a cependant pas souscrit à la requête de la défense.

Le procès devrait se poursuivre mardi, avec l'audition du quinzième témoin de l'accusation. Un témoin expert et un autre témoin protégé devrait clôturer la liste des témoins de l'accusation.

BN/PHD/FH (BL%0207A)