18.11.1999 - TPIR/BAGILISHEMA - l'ACCUSE AURAIT FACILITE l'ASSASSINAT D'UN CHAUFFEUR DU GENERAL CANA

Arusha 18 novembre 99 (FH) - l'ancien maire de Mabanza (préfecture de Kibuye, ouest du Rwanda), Ignace Bagilishema, aurait facilité l'assassinat D'un chauffeur du commandant des casques bleus au Rwanda, le général canadien Roméo Dallaire, a affirmé un témoin, vendredi, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda(TPIR). Le chauffeur Aboubacar Kanyabugoyi se trouvait en commune de Mabanza le soir du 6 avril 1994, pour une visite familiale, lorsque l'avion de l'ancien président Juvénal Habyarimana s'est écrasé à Kigali, suivi du déclenchement du génocide anti-Tutsi et des massacres D'opposants, a indiqué le sixième témoin de l'accusation.

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Tutsi et musulman, Aboubacar Kanyabugoyi s'est caché pendant un mois dans un quartier islamique près du bureau communal de Mabanza avant de trouver refuge dans la mosquée de la place, a dit le témoin.

Désigné par la lettre "H" pour protéger son anonymat, ce Hutu de 44 ans, a affirmé avoir été témoin de l'assassinat D'Aboubacar Kanyabugoyi au mois de mai 1994.

"Un matin il s'est levé, il est allé au bureau communal de Mabanza et il a vu le bourgmestre. Ils n'ont rien fait D'autre, ils ont dit qu'ils ont trouvé un grand Inkotanyi [combattant tutsi en insurrection contre le gouvernement]", a raconté le témoin.

"Le bourgmestre lui a remis au conseiller Nkiriyumwami et au comptable de la commune de Mabanza [Nzanana]. Ils l'ont emmené et l'ont tué", a ajouté M.H, qui s'exprimait en sa langue maternelle, le kinyarwanda.

M.H a expliqué que le chauffeur du général canadien avait été pendant longtemps malade, et qu'un jour, il était parti au bureau communal, à l'insu de ses protecteurs, prétendant récupérer l'argent que son patron lui aurait envoyé.

M.H a affirmé qu'Aboubacar Kanyabugoyi ne pouvait avoir été en contact avec le général Dallaire pendant cette période.

Le témoin a en outre accusé l'ancien maire de Mabanza D'avoir envoyé des tueurs Abakiga [montagnards] dans la région du Bisesero où des milliers de Tutsis persécutés avaient cherché refuge entre avril et juin 1994.

l'accusé aurait également été mis au courant du massacre D'une cinquantaine de personnes sur un terrain de jeu situé à proximité du bureau communal, selon le témoin. "Rien ne peut se faire ou se passer dans la commune sans que le bourgmestre ne soit au courant", a-t-il dit.

M.H a par ailleurs réitéré les accusations formulées par les témoins antérieurs selon lesquelles Ignace Bagilishema aurait participé à une attaque contre le domicile D'un ancien militaire tutsi de Mabanza. M.H a indiqué qu'Ignace Bagilishema était respecté de la population et du personnel communal et qu'il avait le pouvoir.

Outre les allégations portant sur la responsabilité individuelle, le parquet lui impute des crimes commis par ses subordonnés. Le procès devrait se poursuivre lundi matin par le contre-interrogatoire du témoin H.

AT/KAT/FH (BS§1119A )