17.11.1999 - TPIR/BAGILISHEMA - l'ANCIEN MAIRE DE MABANZA AURAIT INSPECTE UN STADE AVANT QU'IL NE SO

Arusha 17 novembre 99 (FH) - l'ancien maire de Mabanza (préfecture de Kibuye, ouest du Rwanda), Ignace Bagilishema, aurait inspecté le stade de la ville de Kibuye, avant qu'il ne soit attaqué, a affirmé un témoin de l'accusation entendu mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Accompagné notamment D'un de ses assistants, Ignace Bagilishema se serait rendu, le 18 avril 1994, au stade Gatwaro où s'étaient réfugiés des milliers de Tutsis et se serait entretenu avec des gendarmes qui en gardaient la sortie.

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"Ils se tenaient derrière le stade. Mais les gens qui se trouvaient à l'intérieur disaient : ils viennent nous tuer" a indiqué le quatrième témoin de l'accusation dans ce procès pour génocide et crimes contre l'humanité.

Désigné par la lettre A pour protéger son anonymat, le témoin, dont la déposition avait commencé mardi, a ajouté : "Ils se tenaient là, ils reculaient en essayant de bien voir à l'intérieur du stade", avant de se retirer. M. A aurait observé la scène du haut D'un podium installé dans le stade.

Le témoin a souligné qu'il n'a jamais vu Ignace Bagilishema pendant l'attaque du stade. M. A a expliqué que ceux qui ont attaqué le stade sont des gendarmes, des policiers communaux, des surveillants de prison et des civils armés.

Le parquet allègue qu'Ignace Bagilishema, agissant de concert avec D'autres personnes, a amené au stade des éléments de la gendarmerie nationale, de la police nationale, des interahamwe et des civils, leur ordonnant D'attaquer des personnes qui s'y étaient réfugiées.

"En outre, les 18 avril et 19 avril 1994, Ignace Bagilishema a personnellement attaqué et tué des personnes qui s'étaient réfugiées dans le stade, à Kibuye", poursuit le parquet.

Rescapé des tueries du stade Gatwaro, M. A a indiqué s'être dirigé six jours plus tard en commune de Mabanza où il aurait notamment observé l'accusé faire faire des entraînements militaires à des jeunes Hutus.

Au cours du contre-interrogatoire, l'avocat français D'Ignace Bagilishema, Me François Roux, a tenté de relever les contradictions entre les deux dernières dépositions.

Alors que le troisième témoin de l'accusation, Mme AB, avait affirmé que l'ancien préfet de Kibuye, Clément Kayishema, s'était rendu au bureau communal de Mabanza le 12 avril 1994, et aurait traité les Tutsis de "vermine" et de "saleté", le témoin A a indiqué qu'il ne l'avait jamais aperçu à cet endroit.

Tandis que Mme AB avait par ailleurs indiqué que les Interahamwe avaient attaqué le bureau communal de Mabanza dans la nuit du 12 ou 13 avril 1994, M. A a signalé que le seul incident survenu cette nuit-là avait été le passage D'un météore lumineux qui avait momentanément effrayé les réfugiés.

Mme AB avait en outre déclaré qu'elle s'était échappée de la cohorte de réfugiés qui se dirigeaient dans la ville de Kibuye, en montant à bord D'un bus qui allait en sens inverse. M. A a par contre indiqué qu'aucun réfugié n'avait pris place à bord de ce bus.

Me Roux a également fait remarquer au témoin A qu'il se contredisait dans la désignation des lieux où se seraient déroulés les entraînements militaires des jeunes Hutus ainsi que sur ceux qui les auraient supervisés. Les dits entraînements auraient été dirigés par l'accusé lui-même ou par un ancien militaire dénommé Kanani, suivant les déclarations.

Le parquet reproche notamment à Ignace Bagilishema D'avoir ordonné à des Tutsis persécutés de sa commune de se réfugier dans la ville de Kibuye, alors qu'il savait qu'ils y seraient tués.

AT/KAT/FH (BS§1117A )