16.11.1999 - TPIR/BAGILISHEMA - LE TRIBUNAL A COMMENCE l'AUDITION DU QUATRIEME TEMOIN DE l'ACCUSATIO

Arusha 16 novembre 99 (FH) - Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a commencé mardi soir l'audition du quatrième témoin de l'accusation dans le procès de l'ancien maire de Mabanza (préfecture de Kibuye, ouest du Rwanda), Ignace Bagilishema, accusé de génocide et de crimes contre l'humanité. Désigné par la lettre "A" par craintes de représailles, le quatrième témoin à charge est un Tutsi originaire de la commune de Mabanza, qui s'était réfugié au bureau communal en avril 1994.

1 min 37Temps de lecture approximatif

Agé de seize ans au moment des faits, le témoin a indiqué avoir quitté son lieu de résidence en compagnie D'une partie de sa famille, à la demande des policiers communaux de Mabanza.

"Ils sont venus le 9 avril, ils ont passé toute la journée dans notre secteur. On nous disait qu'on allait nous protéger là-bas. De peur que nous ne soyons tués là dans les villages", a dit M.A, qui s'exprimait en sa langue maternelle, le kinyarwanda.

"Puisque beaucoup de gens quittaient, nous ne pouvions rester. On pouvait être tués", a répondu le témoin au substitut nigérian du procureur, Charles Adeogun-Philips, qui lui demandait si le départ vers le bureau communal était forcé.

Le troisième témoin de l'accusation entendu lundi et mardi avait affirmé que l'ancien maire de Mabanza avait attiré les Tutsis au bureau communal par la ruse, afin qu'ils soient plus tard tués.

Mme "AB" avait en outre accusé Ignace Bagilishema D'avoir autorisé l'attaque du cachot communal où étaient enfermés environ cent Tutsis. Elle l'avait également chargé D'avoir participé à une attaque contre le domicile D'un ancien soldat tutsi.

Lors du contre-interrogatoire du troisième témoin mardi, la défense a relevé des "contradictions" entre ses déclarations antérieures aux enquêteurs du parquet et sa déposition devant la Cour.

Les contradictions de Mme AB portaient notamment sur les lieux où elle se serait trouvé au moment des faits rapportés, mettant en cause sa qualité de témoin direct. La défense se demandait en outre si par moments, le témoin n'aurait pas menti sous serment. La chambre a indiqué qu'il lui appartient D'évaluer la crédibilité des témoignages.

Ignace Bagilishema est poursuivi pour des massacres de Tutsis dans les communes de Mabanza, Gishyita et Gitesi et Gisovu en préfecture de Kibuye, entre avril et juin 1994. Il est défendu par l'avocat français, Me François Roux, et un co-conseil mauritanien, Me Maroufa Diabira.

AT/KAT/FH (BS§1116A )