DEBUT DE LECTURE DU JUGEMENT DANS UN MEGA PROCES DE GENOCIDE

Gikonko, 31 juillet 2003 (FH) ­Les juges ont entamé jeudi à Gikonko (province Butare, sud du Rwanda) la lecture du jugement dans un procès pour génocide regroupant 142 accusés. C'est le procès collectif comportant le plus grand nombre de suspects depuis le génocide anti-tutsi et les massacres d'opposants qui ont fait un million de morts entre avril et juillet 1994.

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Dans une salle d'audience de fortune archicomble, à une cinquantaine de mètres d'un monument en mémoire des victimes, des centaines d'habitants étaient assis, écoutant la lecture du jugement.

La foule silencieuse murmurait parfois ou chuchotait quand l'un ou l'autre accusé était mentionné par le juge président. L'assistance comprenait aussi bien les rescapés du génocide que les membres des familles des accusés.

De l'autre côté de la "salle", les détenus ,en costume rose, sont restés impassibles, même lorsque certains d'entre eux étaient acquittés ou classés dans une catégorie qui encourt la peine de mort.

En début de soirée, le juge président avait lu des conclusions concernant seulement 51 accusés.

Les peines seront prononcées vendredi, après la lecture de l'ensemble du jugement..

"Il a commencé les tueries ici. Il a érigé une barrière devant sa maison où des Tutsis et des opposants au gouvernement ont été ciblés et tués", a déclaré le juge président au sujet d'un certain Athanase Nkurikiyimfura. "Il rèleve de la catégorie Une et sera puni en conséquence", a-t-il ajouté. Les suspects de la première catégorie sont passibles de la peine de mort.

Les juges ont notamment relevé les confessions de certains détenus. Ils ont entre autres admis des assassinats multiples, des viols et des pillages. "Il a reconnu avoir tué un jeune Tutsi non identifié en le frappant à la tête avec une massue cloutée", a indiqué le juge, en se référant à un repenti.

La longue liste des accusés comprend les hommes et les femmes de diverses catégories sociales : enseignants, chefs de la police municipale, politiciens locaux, un pasteur, d'importants hommes d'affaires, des paysans, des leaders de la jeunesse et beaucoup d'autres.

"Je retournerai à la maison avec un peu de soulagement", a déclaré à l'agence Hirondelle, Stanislas Kagabo, 56 ans, un survivant des massacres de Gikonko.

Il a indiqué qu'il attendait ce jour du verdict depuis le début du procès il y a deux ans. Il a témoigné contre un accusé suspecté d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants.

Environ 100.000 personnes sont poursuivies pour génocide au Rwanda. Seules six mille affaires ont été jugées.

AT/GG/GF/FH(RW'0731E)