L'EX-PREMIER MINISTRE PIERRE-CELESTIN RWIGEMA RECHERCHE POUR GENOCIDE

Kigali, 11 Avril 2001 (FH) – Un mandat d'arrêt international a été lancé contre l'ancien premier ministre rwandais, Pierre-Célestin Rwigema, aujourd'hui en exil aux Etats-Unis, accusé de participation au génocide des Tutsis de 1994. Selon les autorités judiciaires, le mandat d'arrêt a été confié à Interpol, l'organisme international de recherches policières.

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La justice rwandaise demande que l'ex-chef du gouvernement d'août 1995 à janvier 2000 soit extradé vers le Rwanda pour y être jugé.

Le procureur général près la Cour Suprême, Gérard Gahima, a déclaré mercredi que Mr. Rwigema est accusé d'avoir distribué des armes à feu et des grenades aux miliciens Interahamwe pour leur permettre de massacrer les Tutsis du quartier de Biryogo, à Kigali qu'il habitait en 1994. "Il faisait partie du comité de crise du secteur Biryogo chargé des problèmes techniques. A ce titre, il se rendait au camp militaire de Kigali (l'une des principales casernes militaires de la capitale à l'époque) pour s'approvisionner en armes, qu'il revenait ensuite distribuer aux miliciens hutus. Il a participé à des réunions de planification des massacres des Tutsis", a affirmé le procureur Gahima.

Le nom de Pierre-Célestin Rwigema est apparu pour la première fois dans le Journal Officiel de la République au numéro 2279 sur la liste des présumés auteurs du génocide de la première catégorie, rendue officiellement publique mercredi par Gérard Gahima. Il n'était pas sur les deux premières listes, publiées respectivement en 1996 (avec 1946 noms) et en 1999 (avec 2133 noms).

Selon le procureur général Gahima, les enquêtes sur Pierre-Célestin Rwigema étaient en cours depuis 1996. "Cependant, toutes les preuves n'avaient jamais pu être suffisamment bien réunies. Ceux qui l'accusent, dont des prisonniers qui plaident coupable, hésitaient à livrer tous les détails par peur de représailles de la part de l'homme puissant qu'il était", a-t-il indiqué.

Pierre-Célestin Rwigema se trouve actuellement aux Etats-Unis, où il demande l'asile politique. Au moment où le génocide commençait en avril 1994, il était membre du parti hutu MDR (Mouvement démocratique républicain), et cadre dans une imprimerie privée. Au milieu du génocide, il avait fui dans la zone du Front Patriotique Rwandais (FPR), dans la localité de Kabuga (près de l'aéroport international de Kanombe-Kigali). En juillet 1994, après la prise du pouvoir par les anciens rebelles, il avait été nommé ministre de l'Education, avant de devenir Premier ministre en août 1995, succédant à Faustin Twagiramungu. Mais il avait été obligé de démissionner en janvier 2000, après un vote de défiance du Parlement, qui venait de le déclarer coupable de corruption, de détournement et d'abus de pouvoir.

Outre Pierre-Célestin Rwigema, le nom de l'évêque catholique de Gikongoro (sud-ouest du Rwanda) est revenu pour la seconde fois consécutive sur la liste des grands "génocidaires". Classé numéro 43 sur la deuxième liste de 1999, il est le numéro 42 de la troisième liste. Mgr Augustin Misago, reconnu innocent par la Chambre spécialisée du Tribunal de première instance de Kigali qui le jugeait, avait été acquitté et libéré le 15 juin 2000 après un procès marathon d'un an. "Nous avons interjeté appel. Donc pour nous le parquet, l'affaire Misago n'est pas définitivement close. C'est pour cela que nous l'avons encore mis sur la liste", a déclaré Mr Gahima. Quant à la question de savoir quand la Cour d'appel de Kigali (qui a été saisie en seconde instance) tranchera l'affaire, le procureur général près la Cour suprême a répondu qu'il ne savait pas encore.

La troisième liste des "génocidaires" de la première catégorie comprend 2898 noms. Pour la constituer, 36 noms ont été supprimés des 2133 de la deuxième et donc 801 nouveaux noms y ont été ajoutés. De la première liste remise à jour en juillet 1999, au moins 800 noms avaient été supprimés et environ 900 nouveaux y avaient été ajoutés. Le procureur général près la Cour Suprême a déclaré mercredi que les noms des suspects de la première catégorie, que la loi organique sur le génocide de 1996 l'oblige à "republier périodiquement pour refléter les mises à jour", ne peuvent figurer sur la liste s'il n'y a pas de dossier judiciaire contre eux.

WK/PHD/FH (RW&0411A)