REPORT POUR CAUSE DE MALADIE D'UN JUGE

Kigali, 23 Novembre 99 (FH) - Le procès de l'évêque catholique de Gikongoro (sud-ouest du Rwanda), Mgr Augustin Misago, qui devait se poursuivre mardi, a été reporté à jeudi, l'un des trois juges étant malade. Mgr Misago et ses avocats étaient déjà arrivés au tribunal, avant d'être mis au courant de ce report.

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Le public aussi, moins nombreux que lors des audiences du début du procès, mais qui comptait notamment , comme d'habitude, le Nonce Apostolique au Rwanda, l'archevêque catholique de Kigali, Mgr Thaddée Ntihinyurwa, des observateurs des droits de l'homme et de différentes ambassades occidentales à Kigali.

Le procès de Mgr Misago a été ouvert sur le fond le 20 août dernier. Le prélat est accusé de génocide et de crimes contre l'humanité, et surtout de non-assistance à personnes en danger de mort alors que, selon le parquet, il en avait les pouvoirs et les moyens. Plus particulièrement, le parquet l'accuse de la mort d'une centaine d'élèves tutsis de l'école secondaire catholique Marie Merci de Kibeho, ainsi que de celle des prêtres Joseph Niyomugabo, qui était curé de la paroisse de Cyanika, Irénée Nyamwasa, Canisius Murinzi et Aloys Musoni, tués après avoir été "arrêtés" par des gendarmes dans les locaux de l'évêché de Gikongoro.

Mardi, le tribunal devait entendre les derniers témoins à charge, avant de commencer l'audition des témoins à décharge mercredi et jeudi. Lorsque le tribunal aura épuisé le dossier portant sur les accusations du parquet, une sorte de nouveau procès s'ouvrira alors sur de nouvelles accusations portées par les parties civiles contre le religieux.

Ces nouvelles accusations sont contenues dans une citation directe déposée devant les juges le 26 octobre dernier par l'avocat des parties civiles, Me François Rwangampuhwe. Celui-ci entend plaider lui-même directement, sans passer par le parquet comme c'est l'usage en matière pénale.

Dans cette citation directe, les parties civiles veulent que, outre les crimes qui sont allégués par le parquet, l'évêque de Gikongoro réponde aussi des tueries qui ont eu comme théâtre le Centre Christus de Remera, près de Kigali, et le Centre Saint-Paul, au centre de la capitale rwandaise, en avril 1994. Une dizaine de prêtres catholiques tutsis font partie des victimes du Centre Christus.

Me Rwangampuhwe a expliqué qu'il avait déposé ces nouvelles accusations parce qu'il entendait poursuivre Mgr Misago comme planificateur du génocide au niveau national. Il souhaite par ailleurs voir comparaître, pour ces nouvelles accusations, le diocèse de Gikongoro, l'archidiocèse de Kigali, ainsi que l'Etat rwandais, en particulier les ministères de l'administration locale et de la sécurité intérieure.

L'évêque de Gikongoro est défendu par trois avocats : deux Rwandais et l'ancien bâtonnier du Bénin, Me Alfred Pognon.

WK/PHD/FH (RW&1123A)