PEINE DE MORT REQUISE CONTRE UNE FEMME MAJOR DES EX-FAR ET CONTRE UN PASTEUR ANGLICAN

Kigali, 3 avril 99 (FH) - Alors que le Rwanda observe une semaine de deuil national pour le cinquième anniversaire du génocide d'environ 800'000 Tutsis et Hutus modérés en 1994, le Paquet militaire a requis vendredi la peine de mort contre le major Anne-Marie Nyirahakizimana, des anciennes Forces Armées Rwandaise (ex-FAR), et contre le pasteur anglican Athanase Ngirinshuti. Les deux co-accusés sont jugés par la Chambre spécialisée de la Cour militaire siégeant à Gitarama, au centre du Rwanda (50 km au sud de Kigali), pour génocide et crimes contre l'humanité commis à Gikondo, l'un des quartiers populaires de Kigali, ainsi qu'à Shyogwe et à Kabgayi, près de Gitarama, en 1994.

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Le pasteur Ngirinshuti était en poste à l'évêché anglican de Kabgayi au moment des faits.

Verdict le 9 avril prochain

Le procès s'est ouvert le 18 mars dernier et s'est poursuivi les 26 mars, 1er et 2 avril, devant la
Cour militaire composée du président, le lieutenant-colonel Jackson Rwahama, et ses assesseurs. Le verdict sera rendu public le 9 avril 1999.

La partie civile réclame des dommages équivalant à 50 millions de francs rwandais (environ 156'000 dollars américains) pour les enfants survivants qui ont perdu leur père ou leur mère dans les tueries imputées aux deux accusés, 25 millions (environ 78'000 dollars américains) pour ceux qui ont perdu un enfant, 10 millions (environ 31'000 dollars américains) pour ceux qui ont perdu un frère ou une sœur.

Le Parquet militaire a par ailleurs demandé que les accusés payent cent millions de francs rwandais (environ 310'000 dollars) pour les victimes inconnues. Cette somme devrait être versée au Fonds National pour l'assistance aux victimes du génocide, créé en janvier 1998.

Cette affaire est la troisième concernant des officiers ex-FAR à être jugée par la Cour militaire. En août 1998, le capitaine Isidore Bwanakweli, reconnu coupable de génocide et de crimes contre l’humanité, avait été condamné à mort.

Avant lui, en juillet 1998, le sous-lieutenant des ex-FAR Pierre Bizimana avait été condamné à mort pour génocide et crimes contre l'humanité. La Cour militaire l'avait notamment reconnu coupable, avec un coaccusé, le médecin Kageruka, d'avoir personnellement été à la tête du commando qui a massacré en avril 94 à Butare, au sud du Rwanda, la Reine Rosalie Gicanda, veuve de l'avant-dernier monarque rwandais Mutara Rudahigwa.

Le major Nyirahakizimana et le sous-lieutenant Bizimana étaient rentrés de l'ex-Zaïre à l'occasion du retour massif des réfugiés rwandais en novembre 1996 et avaient été immédiatement arrêtés. De son côté, le capitaine Bwanakweli avait rallié l’Armée Patriotique Rwandaise (APR), l’actuelle armée gouvernementale, dès l'été 1994, avant d’être arrêté comme suspect de génocide.

WK/PHD/FH (RW&0403A)