CARLA DEL PONTE DOIT RENCONTRER DE HAUTS OFFICIELS RWANDAIS

Arusha, le 7 février 2003 (FH) - Le procureur du Tribunal Pénal International pour le Rwanda et pour l'ex-Yougoslavie, Carla Del Ponte, devrait rencontrer de hauts officiels rwandais pour évoquer les récentes tensions dans la coopération entre le gouvernement de Kigali et l'institution onusienne. Cette rencontre devrait avoir lieu à Kigali "fin février ou début mars", a déclaré à l'agence de presse Hirondelle Dominique Reymond, conseiller spécial du procureur.

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Les relations entre le TPIR et Kigali ont atteint l'année dernière un de leurs plus bas niveaux depuis la création du tribunal en 1994. Le TPIR a reproché au gouvernement rwandais de compliquer le voyage des témoins jusqu'aux cours d'Arusha. Kigali réfute ces allégations, accusant le tribunal de "mauvais traitement des témoins, d'engager des suspects de génocide dans son personnel, d'incompétence, de mauvaise gestion et de corruption." Le Tribunal a à son tour nié ces accusations.

Le Rwanda accuse particulièrement Carla Del Ponte d'avoir perdu "l'autorité morale lui permettant d'enquêter sur des crimes liés au génocide." Del Ponte, qui enquête actuellement sur des crimes qu'auraient commis les Forces Rwandaises de Défense (l'ancienne Armée Patriotique Rwandaise) lors de la guerre de 1994, a répondu que ces accusations n'étaient qu'un prétexte destiné à mettre un frein à ces enquêtes.

En décembre dernier, une réunion devait avoir lieu entre les organes du Tribunal (les chambres, le Greffe et le bureau du Procureur) et des officiels de la justice rwandaise, en la présence de Pierre Richard Prosper, l'ambassadeur américain pour les crimes de guerre. Cette réunion ne s'est finalement pas tenue suite à l'absence de Prosper. Kigali avait fait de sa présence une condition sine qua non de la tenue d'une telle réunion.

Les relations en voie d'amélioration ?
“Nous allons discuter des moyens de résoudre les problèmes”, a indiqué Dominique Reymond à Hirondelle à propos de la prochaine rencontre. “Et nous allons proposer que la présidente du TPIR assiste également à cette rencontre”, a-t-il ajouté.

Pendant ce temps, Del Ponte se trouvait, lundi, à Kigali. “Elle présentait le nouveau procureur adjoint du TPIR, Bongani Christopher Majola, et le nouveau chef des enquêtes, Richard Renaud, aux membres du bureau du procureur basés à Kigali, ainsi qu'aux officiels rwandais”, a expliqué Reymond. Il a ajouté que les relations entre le Rwanda et le TPIR n'ont pas été évoquées au cours de ces rencontres.

De plus, Dominique Reymond a déclaré que le procureur adjoint (contrairement aux demandes du gouvernement rwandais) serait désormais basé à Arusha et non à Kigali. Le Rwanda a toujours fait valoir que l'une des raisons des relations difficiles avec le TPIR était l'absence d'un officiel de haut rang du TPIR à Kigali. Le précédent procureur adjoint, Bernard Muna, était basé à Kigali.

Jusqu'à la nomination de Majola, le poste est resté vacant pendant près de deux ans. “Depuis deux ans, nous avons clairement expliqué au gouvernement rwandais que, puisqu'il y avait plus de travail à Arusha, c'est là que le procureur adjoint serait basé. Cependant, il fera de fréquentes visites à Kigali", a déclaré Reymond. “De plus”, a-t-il ajouté, “le chef des enquêtes (basé à Kigali) est un officiel de haut rang du bureau du procureur.”

CE/GG/GF/FH(PR’0207A)