LE REPRESENTANT DU RWANDA NE SE RENDRA A ARUSHA QUE SI LE DIFFEREND AUTOUR DE BARAYAGWIZA EST APLANI

Arusha,16 novembre 99 (FH) - Le représentant du gouvernement rwandais auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Martin Ngoga, ne se rendra à son poste à Arusha que si le différend autour de l'affaire Barayagwiza est aplani. "Je suis prêt à me rendre à Arusha, et d'ailleurs il est plus que temps de m'y rendre, mais cela ne sera possible qui si la question de Barayagwiza est réglée", a dit Ngoga par téléphone lundi soir à l'agence Hirondelle.

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A la question de savoir si les négociations annoncées par le greffier du TPIR allaient bon train, Ngoga a dit que "nous n'avons en fait rien à négocier, ce que nous recherchons, c'est que Barayagwiza réponde de ses crimes ".

La chambre d'appel du TPIR siégeant à La Haye a ordonné le 3 novembre la libération immédiate de Jean-Bosco Barayagwiza, pour vices de procédure au moment de sa détention initiale au Cameroun et après son transfert à Arusha.

Le gouvernement rwandais a, dans la foulée, décidé de suspendre toute coopération avec le TPIR jusqu'à ce que "le TPIR revienne sur sa décision ".

Barayagwiza était conseiller politique au ministère des affaires étrangères du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide de 1994. Il était membre du comité d'initiative de la radio de la haine, la radio télévision libre des mille collines (RTLM), et un haut dirigeant du parti extrémiste hutu, la coalition pour la défense de la république (CDR).

Barayagwiza était accusé de sept charges de génocide, complicité dans le génocide, incitation directe et publique au génocide, et crimes contre l'humanité comprenant le pillage.

Il devrait être jugé conjointement avec deux autres accusés dans un " méga-procès des media ".

" La décision qui a été prise se fondait sur des problèmes de procédure ", a dit Ngoga , " mais justement la finalité juridique de ces procédures est que justice soit rendue ".

" Comme la décision prise par le TPIR bloque toute poursuite contre Barayagwiza , elle ne peut être justifiée car elle n'a aucune finalité juridique ", a-t-il expliqué , en ajoutant que " Barayagwiza ne peut être déclaré innocent qu'après avoir été jugé".
Ngoga a par ailleurs indiqué qu'en plus de la réaction du gouvernement rwandais , la population rwandaise est descendue dans les rues dimanche et lundi pour manifester sa déception vis-à-vis de la décision du TPIR.

"Ils étaient très nombreux à manifester à Butare (sud), à Bugesera (sud-est), à Kigali (la capitale), et je pense que le mouvement pourrait se répandre à d'autres régions du pays ", a-t-il dit.

Les média ont fait état de près de cinq mille manifestants qui se sont rassemblés lundi au siège du TPIR à Kigali, pour protester contre la libération de Barayagwiza.

" C'est là un signe que la décision du TPIR a été impopulaire ici , et nous comprenons parfaitement la préoccupation de la population, car justice doit être rendue ", a conclu Ngoga.

Ancien procureur à Butare dans le sud du Rwanda , Martin Ngoga a été nommé le 30 septembre dernier et depuis lors il a effectué une visite préliminaire de trois jours au siège du TPIR à Arusha.

Bien que critiquée par les détenus d'Arusha et leurs avocats, la nomination d'un représentant du gouvernement rwandais avait été bien accueillie au TPIR .

Son greffier, le nigérian Agwu Okali, avait dit que " c'est une bonne chose que les Rwandais aient quelqu'un qui puisse leur rapporter directement ce qui se passe au tribunal d'Arusha ".

CR/KAT/DO/FH(NG§1116a)