LE GREFFIER SE FELICITE DE LA NOMINATION D'UN REPRESENTANT DU RWANDA

Arusha, 11octobre 99 (FH) - Le greffier du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le Nigérian Agwu Ukiwe Okali, s'est félicité de la récente nomination d'un représentant du gouvernement rwandais auprès de cette juridiction, a-t-on appris lundi à Arusha. "Nous avons besoin de quelqu'un qui peut dire directement au gouvernement rwandais ce qui se passe ici", a indiqué M.

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Okali, lors d'un point de presse.

"Nous sommes heureux de cette possibilité de communication à double sens qui nous permettra notamment de savoir ce que les autorités rwandaises pensent du Tribunal" a ajouté le greffier.

Le gouvernement rwandais a nommé le 30 septembre dernier l'ancien procureur de Butare (sud du pays), Martin Ngoga, comme son représentant auprès du Tribunal d'Arusha.

Martin Ngoga devrait effectuer à partir de mardi une visite de trois jours au TPIR, a indiqué M. Okali. "Il viendra d'abord comme un délégué officiel pour discuter de la coopération future entre le Tribunal et le Rwanda ", a dit le greffier, ajoutant que plus tard "il reviendra comme un envoyé permanent chargé de veiller aux intérêts de son gouvernement".

Le greffier du TPIR a affirmé que les Rwandais avaient un intérêt légitime d'être mis au courant des activités du TPIR.

Le haut fonctionnaire onusien a par ailleurs évoqué, au cours du même point de presse, le renforcement du programme visant à faire connaître davantage les activités du TPIR à la population rwandaise, à commencer par "les faiseurs d'opinion".

Après des journalistes, des parlementaires, des représentants d'associations de rescapés et d'organisations non gouvernementales, le TPIR devrait organiser prochainement des visites de magistrats rwandais. Le ministre de la justice, Jean de Dieu Mucyo, a été également invité.

"Nous voulons faire plus, aller au Rwanda et apporter l'information à la population sur le terrain parce que chaque Rwandais ne peut pas venir ici" a poursuivi M. Okali. Le greffier a notamment évoqué la création d'un centre d'information à Kigali et l'organisation d'une exposition mobile des activités du TPIR à travers le Rwanda.

Le TPIR envisage par ailleurs une assistance matérielle aux victimes et aux témoins potentiels, en particulier les femmes victimes de viols. L'assistance se fera à travers les organisations non gouvernementales actives sur le terrain, a dit le greffier.

"Bien qu'au départ cette idée était controversée, nous sommes parvenus à faire valoir qu'au-delà de la satisfaction psychologique donnée aux victimes par les sanctions imposées aux criminels, il y avait toujours un manque de compensation matérielle" a fait remarquer M. Okali.

Le greffier du TPIR a indiqué que huit cents mille dollars américains ont été réunis depuis juillet dernier par des donateurs en vue de financer ces nouveaux projets, comprenant en outre l'exécution des peines et la capitalisation des données relatives aux procès rendus par les tribunaux des Nations unies pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie.

S'agissant de l'exécution des peines, le greffier Okali a signalé qu'il ne s'agira pas de construire de nouvelles prisons dans les pays qui ont accepté d'accueillir des condamnés, mais d'améliorer les infrastructures existantes. Le Mali et le Bénin sont les premiers pays à avoir marqué leur accord pour héberger des personnes condamnées par le TPIR.

M.Okali a cependant ajouté que "à long terme la construction de prisons était inévitable dans la perspective d'une institution de justice internationale permanente, d'autant qu'en principe, elle devrait prononcer des sentences de longue durée".

CR/AT/PHD/FH (RW§1011A )