LE TPIR N'ENVISAGE PAS D'INSTALLER UNE ANTENNE EN RDC, SELON UN PORTE-PAROLE

Arusha, 14 mai 2002 (FH) - Le Tribunal pénal international pour le Rwanda n'envisage pas d'installer une antenne en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré son porte-parole au cours d'un point de presse mardi à Arusha. Le porte-parole du TPIR, le Nigérian Kingsley Moghalu, réagissait à une proposition ad hoc soumise le week-end dernier au greffier de cette juridiction, le Sénégalais Adama Dieng, par le ministère des affaires étrangères de la RDC, Léonard She Okitundu.

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"C'est une idée intéressante mais nous ne ne sommes pas en mesure d'ouvrir une telle antenne pour le moment", a indiqué Kingsley Moghalu, exprimant l'espoir que la RDC collaborera à l'arrestation et au transfert à Arusha des accusés de génocide qui résideraient dans ce pays.

"Le Tribunal espère l'arrestation et le transfert rapides des accusés de génocide qui vivent en RDC dans le respect des engagements de la RDC de coopérer avec le Tribunal", a souligné Kingsley Moghalu.

Dans sa proposition de la semaine dernière, Léonard She Okitundu avait estimé que l'ouverture d'une telle antenne "résoudrait à coup sûr les préoccupations sécuritaires du Rwanda, favoriserait la réconciliation nationale rwandaise et devrait logiquement amener l'Armée patriotique rwandaise à quitter la République démocratique du Congo et en conséquence, induirait la réconciliation régionale".

Le diplomate congolais avait ajouté que, "au cas où ces personnes recherchées ne seraient pas au Congo, seule une instance internationale et indépendante comme le TPIR pourrait en dresser le constat de façon impartiale", expliquant que "dans les deux cas, le Rwanda n'aurait plus aucun prétexte sécuritaire pour maintenir ses troupes dans mon pays".

Léonard She Okitundu considérait que sur le plan pratique, l'installation de cette antenne serait bénéfique pour le TPIR. "En y maintenant sa présence par un service d'enquêtes du bureau du procureur et/ou par un service du greffe, le TPIR ne serait que plus proche de ses justiciables. Cette proximité géographique avec les suspects, accusés et témoins éventuels lui permettrait de mener à bien ses recherches sur le terrain congolais", a-t-il écrit.

Léonard She Okitundu a adressé des copies de sa lettre au sécrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, au procureur du TPIR, Carla del Ponte, et au président du TPIR, Navanethem Pillay.

Contacté par l'agence Hirondelle, une source proche du procureur a indiqué que le TPIR n'avait pas les moyens financiers d'ouvrir les bureaux de liaison dans tous les pays du monde où se trouvent des suspects. "Le budget n'est pas extensible", selon cette source qui rappelle l'obligation des Etats à exécuter les mandats d'arrêt et les ordres de transferts émis par la juridiction internationale.

Le porte-parole du TPIR n'a pas donné le nombre de suspects de génocide qui résideraient en RDC. Il a simplement déclaré qu'il s'agissait "d'un nombre significatif". Au mois de février dernier, le greffier du TPIR s'est rendu à Kinshasa et Brazaville pour solliciter la coopération des gouvernements des deux Congo avec le TPIR. Les autorités de ces pays lui ont donné des assurances à ce sujet.

AT/GF/FH (RDC-0514A )