KINSHASA PROPOSE L'INSTALLATION D'UNE ANTENNE DU TPIR SUR SON TERRITOIRE

Arusha, 13 mai 2002 (FH) - Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ont proposé l'installation d'une antenne du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) sur leur territoire, a appris lundi l'agence Hirondelle. Dans une correspondance datée du 10 mai dernier adressée au greffier du TPIR, le Sénégalais Adama Dieng, le ministre congolais des affaires étrangères, Léonard She Okitundu, écrit :"en vue de matérialiser la coopération entre le Tribunal pénal international pour le Rwanda et le République démocratique du Congo, j'ai l'avantage d'inviter les autorités du TPIR à examiner la possibilité d'installation d'une antenne de ce dernier en République démocratique du Congo, et spécialement dans la capitale congolaise".

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Cette proposition fait suite à une visite effectuée par Adama Dieng en RDC au mois de février dernier, au cours de laquelle il avait sollicité la coopération des autorités de ce pays dans l'arrestation et le transfert à Arusha des Rwandais suspectés de génocide qui se cacheraient là-bas.

"Bien évidemment, toutes les autorités congolaises, y compris le chef de l'Etat [Joseph Kabila] et moi-même, avions donné notre accord de principe pour concourir à cette œuvre de justice internationale", rappelle Léonard She Okitundu dans sa lettre.

La RDC est en proie à une guerre qui dure depuis plus de quatre ans, dans laquelle plusieurs pays de la région sont impliqués, notamment le Rwanda. Kigali soutient que des éléments des ex-Forces Armées Rwandaises (FAR), ainsi que les Interahamwe (milice de l'ex-parti présidentiel, MRND) impliqués dans le génocide anti-tutsi de 1994 combattraient aux cotés du gouvernement congolais.

"Récemment, répétant la position du gouvernement rwandais, le chef d'Etat major général adjoint de l'Armée patriotique rwandaise a déclaré que les responsables des Interahamwe et des ex-FAR suspectés ou accusés de génocide par le TPIR et qui menaceraient la sécurité du Rwanda avaient leur base à Kinshasa même. Simultanément, il affirmait que son armée resterait au Congo tant que ces suspects ou accusés seraient en liberté", relève le diplomate congolais.

Léonard She Okitundu souligne que l'arrestation de ces présumés génocidaires et leur traduction devant le TPIR ou devant les juridictions nationales rwandaises, congolaises ou autres, "s'imposent plus que jamais pour apaiser les esprits."

Amener l'APR à quitter la RDC
Le responsable congolais explique que si une telle antenne était ouverte au Congo démocratique, "pareille initiative résoudrait à coup sûr les préoccupations sécuritaires du Rwanda, favoriserait la réconciliation nationale rwandaise et devrait logiquement amener l'Armée patriotique rwandaise à quitter la République démocratique du Congo et en conséquence, induirait la réconciliation régionale".

Selon le diplomate congolais, "au cas où ces personnes recherchées ne seraient pas au Congo, seule une instance internationale et indépendante comme le TPIR pourrait en dresser le constat de façon impartiale", ajoutant que "dans les deux cas, le Rwanda n'aurait plus aucun prétexte sécuritaire pour maintenir ses troupes dans mon pays".

Léonard She Okitundu considère que sur le plan pratique, l'installation de cette antenne serait bénéfique pour le TPIR. "En y maintenant sa présence par un service d'enquêtes du bureau du procureur et/ou par un service du greffe, le TPIR ne serait que plus proche de ses justiciables. Cette proximité géographique avec les suspects, accusés et témoins éventuels lui permettrait de mener à bien ses recherches sur le terrain congolais", écrit-il.

M.Okitundu conclut sa lettre en disant que cette demande "matérialise l'engagement de mon gouvernement à ce que justice soit rendue aux victimes des massacres et du génocide rwandais. Elle démontre la bonne foi et la volonté de transparence du gouvernement de la RDC dans le processus de désarmement des groupes armés".

Le porte-parole du TPIR, le Nigérian Kingsley Moghalu, s'est gardé de commenter cette proposition, indiquant qu'il n'en était pas informé. Le greffier du TPIR n'a pas pu être joint lundi pour une réaction.

Léonard She Okitundu a adressé des copies de sa lettre au sécrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, au procureur du TPIR, Carla del Ponte, et au président du TPIR, Navanethem Pillay.

GA/AT/GF/FH (RDC0513A)