Le témoin protégé HMN, le 18ème depuis le début de la preuve à décharge le 23 avril dernier, a décrit les circonstances de la mort de Théoneste Karangwa, un homme d’affaires tutsi prospère, le 7 avril 1994 à Cyangugu. Le procureur du TPIR attribue la responsabilité de ce meurtre à Siméon Nshamihigo. L’accusé plaide non coupable. Mme HMN, qui tenait une boutique non loin du domicile de Karangwa, a affirmé qu’elle avait été témoin oculaire de ce crime. Selon elle Karangwa a été tué par des individus aux visages masqués, revêtus de feuilles de bananiers sèches, armés de machettes et de gourdins. «On l’a enroulé dans un matelas et mis le feu à ce matelas », a-t-elle dit. « Pendant qu’il était agressé, d’autres pillaient sa maison », a ajouté Mme HMN qui a précisé que l’attaque avait duré vingt à vingt cinq minutes. Interrogée par l’avocat de Nshamihigo, Me Henry Benoît (Canada), au sujet de la présence de l’accusé sur la scène du crime, Mme HMN a répondu qu’elle ne l’y avait pas vu. A la question de savoir si elle avait identifié « une quelconque figure d’autorité » parmi les assaillants, le témoin a également répondu par la négative. « Je n’ai pas identifié une figure d’autorité. Mais quelque temps après, lorsqu’on est venu prendre le cadavre, j’ai vu un médecin qui s’appelait Pie. Il était membre de la Croix-Rouge», a indiqué Mme HMN. Siméon Nshamihigo était substitut du procureur à Cyangugu en 1994. Le parquet du TPIR allègue qu’il aurait incité des miliciens Interahamwe affiliés au parti au pouvoir à tuer Karangwa. La victime était membre d’un parti d’opposition. Selon l’accusation Nshamihigo se serait dès lors approprié le véhicule de Karangwa tué en même temps que son chauffeur. Le représentant du parquet, l’Ivoirien Alphonse Van, a suggéré que les biens pillés chez Karangwa avaient été emmenés dans la boutique du témoin. Mme HMN a réfuté cette allégation. Alphonse Van a par ailleurs laissé entendre que Nshamihigo était un ami du mari du témoin. « Un ami de mon mari serait venu à la maison, mais, lui, je ne l’ai jamais vu chez moi », a répondu Mme HMN. Selon elle Nshamihigo était simplement un des clients de sa boutique. Le parquet allègue que Nshamihigo exerçait un contrôle sur les Interahamwe qui ont commis des massacres de Tutsis à Cyangugu. « Il est très facile d’affirmer que Siméon Nshamihigo est un leader Interahamwe ; c’en est une autre de le prouver », déclare sa défense. Le procès de Nshamihigo a commencé le 25 septembre 2006. L’accusé a jusqu’au 21 septembre pour faire comparaître des témoins à décharge. La chambre a par ailleurs entendu la déposition d’Odette Ndeberinka, la sœur cadette de l’épouse de Nshamihigo. Mme Nshamihigo a, pour sa part, témoigné pour la défense de son mari en avril dernier. Odette Ndeberika qui est domiciliée en France où elle est «assistante de vie», résidait chez Nshamihigo en avril 1994. Elle a notamment corroboré le témoignage de sa sœur aînée selon lequel les Nshamihigo avaient hébergé chez eux plusieurs personnes fuyant la guerre et les massacres, dont des Tutsis. AT/PB/GF © Agence Hirondelle
UN TEMOIN OCULAIRE NIE QUE NSHAMIHIGO AIT COMMIS UN MEURTRE
Arusha, 29 août 2007 (FH - TPIR/NSHAMIHIGO ) - Un témoin a nié mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que Siméon Nshamihigo, un ancien magistrat, accusé de génocide et de crimes l’humanité, ait été l'auteur d'un meurtre comme l'affirme le procureur.
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