Le gouvernement péruvien a annoncé mardi la préparation d'une loi pour incinérer le corps du chef historique de la guérilla maoïste du Sentier lumineux, Abimael Guzman, décédé samedi en prison, et clore ainsi la controverse autour de sa dépouille.
Des lacunes juridiques existent concernant ce dossier et les autorités craignent qu'une sépulture ne devienne un lieu de pèlerinage pour les partisans de l'ex-chef rebelle.
"Nous n'avons pas de législation en la matière", a reconnu mardi le ministre de l'Intérieur Juan Carrasco sur la chaîne Sol TV, annonçant que "le projet de loi sera présenté mercredi au président de la République, Pedro Castillo, pour permettre la crémation du terroriste décédé Abimael Guzman".
Il devrait être ensuite examiné en urgence au Parlement.
Le corps de l'ancien guérillero se trouve dans une morgue du port de Callao, à l'ouest de Lima.
Le parquet attend les résultats de tests ADN, qui devraient être connus jeudi ou vendredi, pour prendre une décision sur la demande d'Elena Yparraguirre, la veuve d'Abimael Guzman et ancienne numéro deux de l'organisation maoïste qui réclame qu'il soit enterré.
Selon la loi péruvienne, le bureau du procureur décide du sort du corps d'un détenu qui n'a pas été réclamé par ses proches par voie de notaire dans les 36 heures suivant le décès.
Elena Yparraguirre, qui purge une peine à perpétuité, n'aurait pas respecté cette formalité et a remis une simple lettre à une tierce personne.
Parallèlement, la procureure générale, Zoraida Avalos, a présenté un projet de loi devant le Parlement afin que juges et procureurs puissent décider du sort final de cadavres dans le cas de risques pour l'ordre public.
"La loi permet aux agents de la justice d'ordonner la crémation de corps dont le déplacement, les funérailles ou l'inhumation peuvent mettre en danger la sécurité et l'ordre public", selon le projet de loi.
Mme Avalos a indiqué dans un tweet qu'en cas d'approbation, le texte pourrait s'appliquer au cas d'Abimael Guzman.
Surnommé le "Pol Pot des Andes" en raison de la cruauté de son mouvement, Abimael Guzman est mort samedi à 86 ans dans la prison où il purgeait une peine à perpétuité à la suite de deux condamnations en 2006 et 2018.
L'ancien professeur de philosophie et Elena Yparraguirre ont été capturés en 1992 et se sont mariés en 2010 en prison.
Guzman portait la responsabilité d'un des conflits les plus sanglants d'Amérique latine, qui a secoué le Pérou entre 1980 et 2000, et fait plus de 70.000 morts et disparus, selon la Commission vérité et réconciliation.