UN HISTORIEN FRANÇAIS AFFIRME QUE KIGALI ETAIT INGERABLE PENDANT LE GENOCIDE

Arusha, 4 septembre 2007 (FH - TPIR/RENZAHO ) - Un historien français, Bernard Lugan, cité comme témoin expert par l’ex-préfet de la ville de Kigali pendant le génocide 1994, le colonel Tharcisse Renzaho, a déclaré mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que la capitale rwandaise était « ingérable » pendant le génocide de 1994.  

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« Renzaho se trouvait dans une situation ingérable », a affirmé le Professeur Lugan, réfutant les allégations selon lesquelles l’accusé aurait pu maintenir ou rétablir l’ordre public à Kigali.   Accusé de crimes de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, l’ex-préfet est poursuivi pour ses actes et ses omissions, selon le procureur.   « Il ne disposait d’aucun moyen ; il était désarmé », a poursuivi l’africaniste français, soulignant que l’ex-préfet ne pouvait même pas réquisitionner la gendarmerie car cette dernière était sur le front pour tenter, avec l’armée, de contenir l’offensive des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) actuellement au pouvoir.   M.Lugan a indiqué qu’en dépit de ce manque de moyens, Renzaho « n’a pas fui ses responsabilités, a assumé son devoir ».   L’historien s’en est pris en revanche au commandant canadien de la force des Nations Unies au Rwanda, le général Roméo Dallaire, qualifiant son comportement de « totale couardise », de « pusillanimité ».   Au juge président, Erik Mose, qui demandait si l’officier canadien aurait pu outrepasser le mandat qui lui avait été donné par le Conseil de sécurité, le témoin expert a répondu qu’en tant que chef militaire, Dallaire aurait dû prendre ses responsabilités face aux massacres.   Lors de son contre-interrogatoire par Jonathan Moses, du bureau du procureur, Lugan a cependant admis qu’il existe « une part de subjectivité » dans le travail d’un historien.   Il ne s’est pas privé d’attaquer la stratégie du procureur, l’accusant notamment de tenter « de meubler même artificiellement un dossier vide ».   Plus d’une fois, le juge président est intervenu pour tempérer les vives réparties de l’expert.   C’est la troisième que le professeur Lugan vient à la rescousse d’un accusé au TPIR. Il est attendu dans d'autres procès.   Il a déjà été entendu à la demande de l’ex-ministre des Finances, Emmanuel Ndindabahizi, condamné à la prison à vie, puis du « cerveau » présumé du génocide, l’ex-directeur de cabinet au ministère de la Défense, le colonel Théoneste Bagosora qui attend son verdict.   ER/PB/GF   © Agence Hirondelle