12.09.07- TPIR/BUTARE - LES TUTSIS DE MATYAZO ONT ETE TUES PAR DES MILITAIRES (TEMOIN)

Arusha, 12 septembre 2007 (FH) - Les Tutsis réfugiés au lieu-dit Matyazo à Butare (sud du Rwanda) en 1994 ont été tués par des militaires, a affirmé un témoin mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Matyazo se trouve dans la commune Ngoma, dont l’ex-maire Joseph Kanyabashi est accusé de génocide et de crimes contre l’humanité. Il est jugé avec cinq autres personnes originaires de Butare, dont une femme ancienne ministre.

Le témoin D-5-W, un résident de Matyazo, qui a déposé en faveur de Kanyabashi, a déclaré que les massacres dans sa localité étaient l’œuvre de militaires.

Le témoin a raconté comment la population locale s’était organisée pour faire face aux assaillants venus de l’extérieur, mais qu’elle en avait été dissuadée par des militaires.

Selon M.D-5-W, les militaires conduits par un officier sont venus à Matyazo et ont forcé les habitants à les accompagner sur des sites où les Tutsis fuyant la persécution avaient cherché refuge.

Matyazo abritait des réfugiés notamment dans son école primaire, au dispensaire local et à l’église pentecôtiste. Ils ont été massacrés dans la deuxième moitié du mois d’avril 1994, a indiqué le témoin.

D-5-W a rapporté que les Tutsis de Matyazo ont été tués suivant un scénario identique. Les militaires, aidés par des civils, vérifiaient d’abord les cartes d’identité, séparaient ensuite les Hutus des Tutsis et ouvraient enfin le feu sur ces derniers, qui étaient préalablement encerclés.

Le témoin a indiqué, qu’ayant constaté l’absence du conseiller de secteur, les militaires avaient déclaré qu’il était un complice de l’accusé Kanyabashi, surnommé Kanyabatutsi (ami des Tutsis), a-t-il dit.

Le témoin était interrogé par l’avocat principal de Kanyabashi, Me Michel Marchand (Canada).

Dans une déclaration préliminaire à la présentation de la défense de Kanyabashi le 10 juillet, Me Marchand avait affirmé que les militaires « se sont répartis les massacres » en commune Ngoma suivant les secteurs. Matyazo a été attaqué par ceux du camp de Ngoma, a-t-il dit.

Outre le camp militaire de Ngoma, la commune disposait d’une école de sous-officiers et d’un camp de gendarmerie.

« Comment M. Kanyabashi déjà qualifié, avant avril 94, de Kanyabatutsi (ami des Tutsis), pouvait-il empêcher les militaires, qui avaient décidé de se mettre au service du génocide, de massacrer les Tutsis qui avaient trouvé refuge en commune Ngoma ?», avait plaidé à l’époque Me Marchand.

Ce procès dit du groupe Butare a commencé en juin 2001. Kanyabashi est l’avant dernier accusé qui présente sa défense. Ce témoin est le troisième sur une liste de 30. La présentation des preuves de la défense de Kanyabashi a débuté le 20 août.

AT/PB/GF
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