05.10.07 - TPIR/SYNTHESE HEBDOMADAIRE - CINQ PROCES AU COURS DE LA SEMAINE

Arusha, 5 octobre 2007 (FH) - Cinq procès étaient en cours cette semaine au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) :

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  Il s’agit de l’affaire Butare, une région du sud du Rwanda dont six natifs, y compris une femme, sont conjointement accusés de génocide et de crimes contre l’humanité ;  de "Gouvernement II" qui concerne quatre anciens ministres du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide des Tutsis en 1994 ; de Karemera et autres qui implique trois dirigeants de l’ex-parti au pouvoir ainsi que de deux procès individuels, celui du musicien Simon Bikindi et de l’abbé Emmanuel Rukundo.   Dans Butare, qui est dorénavant suspendu jusqu’au 22 courant, le tribunal a notamment clôturé l’audition du professeur belge Filip Reyntjens, qui a témoigné en faveur de l’ancien maire de Ngoma, Joseph Kanyabashi. Expert de longue date du procureur, Reyntjens a rompu avec ce dernier, lui reprochant de ne pas avoir poursuivi des éléments de l’ancienne rébellion rwandaise suspectés de crimes de guerre commis en 1994.   Selon Reyntjens, « Kanyabashi n’a pu être associé à la planification du génocide au Rwanda et à Butare, en particulier »   Le professeur belge explique néanmoins « qu’au vu de la situation telle qu’elle se développait à Butare, à partir du 19 avril (1994) au plus tard, et de la réalité du contrôle physique dans la commune (Ngoma) il aurait été impossible pour Kanyabashi de s’opposer de façon effective et visible aux forces engagées dans le génocide. Non seulement n’en avait-il pas les moyens physiques, mais il aurait payé de sa vie toute velléité dans ce sens ».   Kanyabashi et sa défense affirment que la commune de Ngoma avait été « matée » par des militaires pendant le génocide.   Le procès Butare est en cours depuis juin 2001.Kanyabashi est l’avant dernier accusé à présenter sa défense.   Dans « Gouvernement II » en cours depuis novembre 2003, c’est le troisième des quatre coaccusés qui présente sa défense. Il s’agit de Jérôme Bicamumpaka, ministre des affaires étrangères. Sa stratégie de défense est qu’il a passé le plus clair de son temps à négocier la paix et qu’il ne s’était nullement impliqué dans la politique intérieure.   Bicamumpaka est jugé avec Casimir Bizimungu, ancien ministre de la santé, Justin Mugenzi, ex-ministre du commerce et Prosper Mugiraneza, qui était en charge de la fonction publique. C’est Mugiraneza qui présentera ses témoins à décharge en dernier.   Dans l’affaire Karemera et autres, c’est le procureur qui cite encore des témoins. Celui qui a été entendu cette semaine a accusé Edouard Karemera, l’ancien vice-président de l’ex-parti au pouvoir d’avoir dirigé des attaques contre les Tutsis dans la région de Bisesero à l’ouest du pays.   La défense a mis en doute la crédibilité de ce témoin qui, a-t-elle dit, change de déclarations selon les procès. Il avait déposé antérieurement sur les mêmes faits dans une autre affaire et  avait fourni une version très différente.   Dans le procès Bikindi, un musicien de renom accusé d’incitation au génocide des Tutsis, le tribunal a notamment entendu cette semaine l’une des deux épouses de l’accusé.   Angeline Mukabanana, une Tutsie, a déclaré qu’elle avait été emprisonnée à  plusieurs reprises au Rwanda pour avoir notamment refusé de témoigner contre son mari.   Dans l’affaire Rukundo, un aumônier militaire, l’accusé a commencé à témoigner pour sa défense vendredi. Son procès a débuté en novembre 2006. Il rejette les allégations d’extrémisme et de participation aux massacres et enlèvements de Tutsis.   La semaine prochaine, quatre procès se poursuivront : Bikindi, Rukundo, Gouvernement II et Karemera.   AT/PB/GF   © Agence Hirondelle