Alléguant le refus par le procureur de communiquer des éléments de preuve à décharge, Me Félix Sow (Sénégal), l’avocat du vice-président de l’ex-parti au pouvoir, Edouard Karemera, a expliqué que «on donne ce qui arrange et on retient ce qui dérange ». « Il s’agit d’un procès d’embuscade. On nous guette, on nous attend », a-t-il déploré.
Edouard Karemera est jugé avec Matthieu Ngirumpatse et Joseph Nzirorera, respectivement président et secrétaire général de l’ancien parti au pouvoir au Rwanda, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND). L’avocat de Ngirumpatse, Me Chantal Hounkpatin (France) a ajouté que « cette façon de procéder fait honte à la justice ».
C’est Me Peter Robinson (Etats-Unis), l’avocat de Nzirorera qui a été le plus sévère en réclamant que le procès s’arrête ou que le chef de l’équipe de la poursuite dans cette affaire, Don Webster (Etats-Unis), soit exclu de la salle d’audience.
Me Robinson, qui a déclaré que c’était la quatrième fois que le procureur violait le règlement, a rappelé qu’il avait été plusieurs fois mis en garde par la chambre de première instance et la chambre d’appel.
A une occasion, la chambre de première instance avait sanctionné Don Webster et souligné que la dite sanction s’appliquait également au procureur en chef, Bubacar Hasan Jallow (Gambie).
« Au vu de nombreuses violations, je suggère que la chambre puisse faire quelque chose de façon que nous ayons un procès qui a un sens », a plaidé Me Robinson.
Don Webster, pour sa part, a minimisé ces allégations et indiqué qu’il communiquait des documents pertinents et surtout qu’il tenait compte de la confidentialité des informations en sa possession.
Les juges ont signalé qu’ils donneront leur position ultérieurement.
Commencé le 19 septembre 2005, ce procès se déroule devant une chambre présidée par le juge Dennys Bryon, également président du TPIR. Le procureur devrait terminer sa preuve en mars 2008 et la défense dans le premier trimestre de 2009.
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