26.10.07 - TPIR/SYNTHESE HEBDOMADAIRE - L’ABBE RUKUNDO A CITE SON DERNIER TEMOIN

Arusha, 26 octobre 2007(FH)- L’abbé Emmanuel Rukundo, accusé de génocide devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a cité son dernier témoin à décharge cette semaine.  

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Il n’envisage pas, cependant, de clôturer formellement la présentation de sa preuve tant que la question de l’arrestation de son enquêteur, détenu au Rwanda depuis quatre mois, n’aura pas été résolue. Cet enquêteur est notamment accusé d’avoir fait pression sur BLP, un témoin protégé de l’accusation.

 « On nous a ordonné de déposer nos conclusions finales le 6 décembre mais aussi longtemps que nous n’avons pas de rapport sur la question de notre enquêteur et du témoin à charge BLP soupçonné de faux témoignage, nous ne déposerons pas les conclusions », a déclaré un membre de l’équipe de défense.

Le procès de l’abbé Rukundo a débuté le 15 novembre 2006. Le procureur a clôturé son accusation le 12 mars dernier. Il venait de faire comparaître 18 témoins. Rukundo, quant à lui, citait des témoins à décharge depuis le 9 juillet. Il en a fait comparaître une trentaine. Lui-même a  témoigné pour sa défense.

Rukundo était aumônier militaire en 1994. Depuis sa création en novembre 1994, le TPIR a déjà inculpé quatre prêtres. Il s’agit, outre Rukundo, de Hormisdas Nsengimana, ancien recteur du collège Christ-Roi de  Nyanza dans le sud du pays, et des abbés Wenceslas Munyeshyaka et Athanase Seromba,  qui officiaient respectivement à la paroisse Sainte-Famille à Kigali et à la paroisse de Nyange dans l’ouest.

Munyeshyaka se trouve en France en attente d’un transfert, Nsengimana est en cours de procès à Arusha tandis que Seromba a été condamné à quinze ans de prison en première instance.

Mise à part l’affaire Rukundo, cinq autres étaient au rôle au cours de la semaine. Il s’agit de Bikindi, Gouvernerment II, Militaires II, Karemera et Butare.

Simon Bikindi est un musicien de renom accusé d’incitation au génocide par le biais de ses chansons. Son procès est en cours depuis septembre 2006. Il cite actuellement des témoins à décharge. Cette semaine, il a été, entre autres,  défendu par un linguiste qui a analysé ses chansons. Eugène Shimamungu, un Rwandais, a affirmé que l’artiste n’avait pas chanté la haine contre les Tutsis, contrairement aux allégations du procureur.Le parquet avait également recouru aux services d’un autre linguiste, Jean de Dieu Karangwa, un Rwandais également, qui avait abouti à des conclusions différentes.

Mardi prochain, Bikindi devrait commencer à témoigner lui même pour sa défense.

Dans l’affaire Gouvernement II, qui concerne quatre anciens ministres, la cour a notamment entendu le témoignage de Dominique Makeli, un ancien journaliste détenu à Kigali depuis la fin du génocide. Makeli a été cité par la défense de l’ex-ministre des affaires étrangères dans le gouvernement intérimaire en place en 1994, Jérôme Bicamumpaka.  Commentant les discours radiodiffusés des membres de ce gouvernement, l’ancien journaliste à Radio Rwanda les a qualifiés de « messages de pacification ».  « Nous les entendions et ils nous donnaient de l’espoir (…) nous comprenions que parmi les priorités urgentes figurait le rétablissement de la sécurité des personnes et des biens », a déclaré Makeli. Le procureur allègue que les messages du gouvernement intérimaire incitaient aux massacres des Tutsis.

Bicamumpaka a par ailleurs cité Basile Nsabumugisha, ancien préfet de Ruhengeri (nord), également détenu au Rwanda. Basile Nsabumugisha a par la suite déposé dans le procès Militaires II qui concerne quatre officiers.

Dans Karemera, du nom de l’ancien vice- président du parti au pouvoir en 1994 jugé avec deux de ses collègues, les avocats ont plaidé, en marge de la preuve du parquet, plusieurs requêtes dont celles demandant à ce que Kigali accusé de ne pas coopérer avec la défense, s’en explique devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Butare est une région du sud du Rwanda dont six natifs, y compris une femme, sont accusés de génocide. Actuellement, c’est le cinquième accusé, l’ancien maire de Ngoma Joseph Kanyabashi, qui présente sa défense.

La semaine prochaine les procès Karemera, Gouvernement II, Bikindi, Militaires II et Butare doivent se poursuivre.

AT/GF

 © Agence Hirondelle