06.11.07 - TPIR/BIKINDI - FIN DU TEMOIGNAGE DE SIMON BIKINDI, CHANTEUR RWANDAIS

Arusha, 6 novembre 2007 (FH) - Le témoignage de Simon Bikindi, un musicien rwandais accusé d’avoir pris part au génocide de 1994, s’est terminé mardi devant le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Après quatre jours de contre-interrogatoire, Bikindi a réfuté les accusations du procureur William Egbe, selon lesquelles sa chanson « Intabaza » (alerte) avait incité les Hutus à massacrer les Tutsis en parlant des « fils de cultivateurs » ce qui peut passer pour une référence aux Hutus. « Referrez vous à ma chanson » a dit Bikindi. « Vous allez comprendre qui sont les fils de cultivateurs, je les présente clairement comme Tutsis, Hutus et Twa ».

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L’accusation contre Bikindi repose essentiellement sur trois de ses chansons. Pendant le procès, les deux parties ont appelé des témoins-experts pour étudier les chansons et leur proposer des traductions à partir du kinyarwanda. Les titres ont eux-mêmes ont été débattus. « Intabaza » était connue comme « Bene Sibahinzi » (les fils des cultivateurs) et une autre chanson officiellement appelée « Akabyutso" (le réveil) était connue sous le titre de « Nanga Abahutu » (je hais les hutus). A la barre, Bikindi n’a pas voulu s’étendre sur ces titres particuliers.
Egbe a malgré tout tenté de démontrer que Bikindi était un membre fondateur de la Radio télévision des mille collines (RTLM), connue pour ses programmes haineux contre les Tutsis. Selon l’accusation c’est aussi bien par la programmation de ses chansons que par ses interviews que Bikindi a contribué à « exprimer la haine des Tutsis ». Bikindi s’est défendu comme il l’avait fait auparavant, en expliquant qu’il n’avait acheté qu’une action de la RTLM afin de pouvoir passer de la publicité, et rien d’autre.

Le procureur a également interrogé Bikindi sur ses actes en Juin et Juillet après qu’il soit rentré au Rwanda après un voyage, et avant de fuir vers le Zaïre suite à la victoire du Front patriotique rwandais. Selon l’accusation, Bikindi a dirigé une milice Interahamwe à un barrage pour intercepter des Tutsis et les tuer. Bikindi dément. « Je n’étais pas le responsable» d’un quelconque groupe Interahamwe, dit il.

Vêtu du costume traditionnel rwandais, une toge blanche nouée à l’épaule sur un chemise blanche, il a évacué plusieurs questions de son défenseur Me O’Shea comme du procureur. Régulièrement, les parties, ainsi que la présidente Mme Inès de Rocca, lui ont demandé de répondre brièvement et directement. L’une des juges, Mme Rita Arrey, lui a finalement demandé « Reconnaissez vous que les Tutsis ont été victimes en 1994 d’un génocide ?». L'occasion d'une réponse brève : « oui »

Son procès a débuté le 18 septembre 2006. Les débats devraient s’achever mercredi, mais le procès pourrait se prolonger en raison d’une demande de la défense de se rendre au Rwanda. Le jugement sera rendu en 2008.

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