09.11.07 - BURUNDI/JUSTICE - BURUNDI : DIVERGENCE SUR LA PRESENCE ETRANGERE AU SEIN DE LA CVR

Bujumbura, 9 novembre 2007 (FH) – Une semaine après que le président burundais, Pierre Nkurunziza ait lancé le comité chargé de mener des consultations populaires pour la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle, les avis restent divergents sur la présence d’étrangers au sein de la Commission Vérité Réconciliation (CVR).

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  Toutes les personnes interrogées s’accordent cependant à dire que les membres de ces organes devront être des personnes intègres « qui n’ont pas de sang sur les mains ».   Premier organe à être mis en place, le Comite de pilotage (CP) comprendra six membres : deux représentants du gouvernement, dont le président du Comité, deux de la société civile, et deux des Nations unies.   « Les étrangers ne savent rien de ce qui s’est passé dans notre pays, ils ne devraient donc pas s’immiscer dans des affaires qui ne les concernent même pas », a estimé Liberate Nimbona, une paysanne originaire de la province Mwaro, au centre du pays.   Pour Vital Bambanzi, représentant d’une association des Batwa (1% de la population), les étrangers devraient être associés à la CVR « en petit nombre et en qualité d’observateurs seulement ». « C’est nous qui savons les torts que nous avons causé les uns aux autres, et nous devons faire preuve d’indépendance », dit il.   Son point de vue n’est pas partagé par Raymond Kamenyero, membre du Forum pour le Renforcement de la Société Civile (FORSC), une association qui se dit « apolitique ». Pour lui, la Justice transitionnelle est un domaine qui dépasse les Burundais.  « Nous avons besoin de l’expertise des étrangers », souligne-t-il. L’accord de paix d’Arusha (Tanzanie) signé en août 2000 ainsi que les différents accords de cessez-le-feu conclus entre le gouvernement du Burundi et les groupes rebelles ont été négociés avec l’appui et la médiation des étrangers, rappelle Kamenyero.   Le juriste Didace Kanyugu, président de l’Action catholique contre la torture (ACAT) est du même avis. Il pense que la participation des étrangers est nécessaire en raison notamment de leur neutralité. Selon lui leur présence servirait de contrepoids a l’attitude généralement globalisante des Burundais et rendrait les débats beaucoup plus transparents.   Les responsables politiques interrogés ont tous été unanimes  sur le fait que la CVR se doit de fonctionner sous surveillance étrangère. « Nous avons besoin des experts (internationaux) qui ne viendraient peut être pas pour trancher », a estimé Pierre Claver Nahimana, président du groupe parlementaire du parti Frodebu (Front pour la démocratie au Burundi, principal parti d’opposition).   « Le processus de paix n’est pas encore terminé, nous devons garder une ouverture, mais la plus grande part serait jouée par les nationaux », estime Nahimana qui a détenu plusieurs portefeuilles ministériels, avant d’être nommé vice-président du Sénat pendant la transition.   Le ministre de l’intégration régionale, Karenga Ramadhani a pour sa part souligné que la question de la composition de la CVR « a été tranchée il y a longtemps ». « Il y aura absolument un apport extérieur », a expliqué l’ancien ministre de l’information et membre du parti au pouvoir, le Cndd-Fdd.   La CVR est l’un des mécanismes de justice transitionnelle issus de l’Accord d’Arusha, qui prévoit également la création d’un Tribunal spécial qui devra faire la lumière sur les crimes commis au Burundi depuis l’indépendance en 1962, et décidera sur le sort a réserver a leurs auteurs. Ce tribunal doit, selon l’ONU, être appuyé par des magistrats et de juristes étrangers qui travailleront avec leurs homologues burundais.   Le gouvernement avait au départ affiché une attitude plus souple, estimant que toute personne ayant publiquement confessé ses crimes pouvait bénéficier d’un pardon. Cependant, lors de sa visite au Burundi en mai dernier, la Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Louise Arbour a clarifié que les crimes de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité sont des crimes « imprescriptibles et inamnistiables. »     GA/PB/GF   © Agence Hirondelle