19.11.07 - RWANDA/FRANCE - DEBAT OU POLEMIQUE : L’ENQUETE BRUGUIERE N’A RIEN ECLAIRCI (VIDAL)

  Arusha,  19  novembre 2007 (FH) -  L’enquête du juge français Jean Louis Bruguière rendue publique il y a un an, en stigmatisant la responsabilité du président rwandais Paul Kagame dans l’attentat contre l’avion de son prédécesseur, a accru la dichotomie partisane sur le génocide rwandais, estime  Claudine Vidal, une sociologue française, spécialiste du Rwanda.  

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Les neuf mandats d’arrêt lancés à l’encontre de proches du président rwandais ont été communiqués à Interpol, confirme le parquet de Paris. Le recours du Rwanda devant la Cour internationale de Justice à ce sujet n’a jamais été examiné, la France n’ayant pas reconnu la compétence de la Cour dans ce domaine.   Dans un article écrit à la fin de l’année dernière et paru dans l’annuaire 2006/2007 de l’Afrique des Grands lacs, chez Karthala, la spécialiste du Rwanda et de la région des Grands lacs rappelle que cet attentat, dès les premiers jours, a été le sujet central de polémiques et de démarches accusatoires.   « Deux camps se sont donc formés » selon elle, pro et anti FPR se sont affrontés sur des thèmes figés : l’auteur de l’attentat, les massacres, l’origine du génocide, l’attitude française. «Même si, selon les auteurs et les pays d’origine, des inflexions diffèrent, le ton du  discours emprunte le style de l’imprécation ou celui de la critique politique et morale, ou encore celui de l’analyse distanciée, la trame ne change pas » écrit Vidal.   «Seul un procès pourrait confirmer ou informer les attendus du juge » écrit elle. Mais aux faisceaux d’indices et de preuves, le juge ajoute, selon Vidal, l’interprétation des intentions de Paul Kagame.  « ... le récit du juge Bruguière construit un personnage surpuissant pour qui le futur est transparent (…) Est il nécessaire d’attribuer au chef du FPR une telle maîtrise du cours des évènements pour confirmer son rôle dans l’attentat du 6 avril ? Cette écriture de l’histoire ne peut convaincre que les convaincus » estime Vidal.   Pourtant certains forums de discussions font la part des choses et Claudine Vidal leur laisse la conclusion : « on peut bien reconnaître ce génocide et condamner avec la plus grande énergie ses auteurs sans pour autant nier qu’il y a eu un élément déclencheur.»   L’intellectuelle française termine en appelant « à ne pas se laisser intimider par les tenants de récits bloqués et antagonistes  qui se disputent le monopole de la légitimité dans l’espace public. Et face à des affirmations dont la valeur de vérité compte moins que leur virulence accusatrice, continuer à enquêter, chercher à en savoir plus ».   PB/GF     © Agence Hirondelle