22.11.07 - TPIR/BUTARE - LA CHAINE DU GENOCIDE DIFFERE DE L’ORGANIGRAMME OFFICIEL (REYNTJENS)

Arusha, 22 novembre 2007 (FH) – Un témoin-expert belge, Filip Reyntjens, a appelé jeudi, au terme son témoignage devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), à ne pas confondre l’organigramme officiel de l’état rwandais en 1994 avec la chaîne de commandement du génocide.  

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« L’organigramme réel du génocide n’est pas le même que l’organigramme officiel », a soutenu le professeur Reyntjens, expliquant qu’en 1994, les forces génocidaires pouvaient «clairement court - circuiter » l’autorité officielle. Pour lui, ce n’est pas parce que des subalternes ont commis des crimes que leur chef, civil ou militaire, est forcément coupable.   Professeur de droit à l'universite d'Anvers, ancien professeur à l’Université nationale du Rwanda (UNR), Reyntjens déposait en qualité d’expert pour la défense de l’ex-maire de Ngoma, Joseph Kanyabashi qu’il a connu à Butare, dans le sud du Rwanda.   Haut lieu national du savoir, centre de rayonnement de la commune Ngoma, la ville de Butare, chef-lieu de la préfecture du même nom, abritait d’autres établissements importants tels que l’Ecole des sous-officiers (ESO) et la Société rwandaise d’allumettes (SORWAL).   De l’avis de l’expert, ces structures pesaient de tout leur poids sur tous les secteurs de la vie dans la région et leurs responsables, souvent venus d’autres parties du pays, constituaient « des forces parallèles », « des pouvoirs concurrents » qui, dans la réalité, échappaient au contrôle effectif du maire Kanyabashi.   Il a soutenu que l’autorité du maire de Ngoma s’était davantage diluée pendant le génocide. « Rien n’indique que Kanyabashi approuvait les massacres de Tutsis. Sinon, je ne serais pas (venu) ici devant vous » témoigner pour lui, a ajouté Reyntjens. Témoin-expert dans de nombreux dossiers de l'accusation depuis le début du tribunal, Reyntjens a annoncé, en janvier 2005, la suspension de sa collaboration avec l'accusation tant qu'aucun membre du FPR ne serait inculpé par cette juridiction.   Kanyabashi est jugé avec l’ex-ministre de la Famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, un ex- chef milicien présumé, Arsène Shalom Ntahobali, les anciens préfets de Butare, Sylvain Nsabimana et Alphonse Nteziryayo ainsi qu’ un autre ex-maire.   Inculpés de crimes de génocide et crimes contre l’humanité, tous les six plaident non coupables, mais avec des lignes de défense tellement divergentes qu’elles dégénèrent souvent, devant les juges, en vives confrontations que le procureur savoure silencieusement lorsqu’il ne les attise pas en se rangeant du côté de l’un ou l’autre des accusés en conflit.   Ce procès, le plus vieux, et sans doute aussi, le plus coûteux de l’histoire du TPIR, s’est ouvert en juin 2001.   La défense de Kanyabashi sera suivie de celle de l’ex-maire de Muganza, Elie Ndayambaje, qui attend encore de citer ses témoins.   ER/PB/GF   © Agence Hirondelle