Et de deux: après l'eurodéputé Jérôme Rivière, c'est le militant identitaire Damien Rieu qui rejoint Eric Zemmour pour la présidentielle, deux départs du Rassemblement national que Marine Le Pen a voulu minimiser jeudi.
La cheffe du RN a dénoncé par ailleurs, lors d'un déplacement à Fréjus, un "véritable sketch" de l'exécutif qui doit annoncer à 19H00 un calendrier de "levée progressive de restrictions" face à l'épidémie du Covid-19.
Marine Le Pen a voulu balayer les départs de Jérôme Rivière et Damien Rieu: "Il y aura zéro impact politique parce que Jérôme Rivière avait zéro impact politique au RN", a-t-elle raillé, évoquant une "aigreur" de l'élu qui espérait selon elle "des postes au sein du RN que je considérais qu'il ne pouvait obtenir".
Reste que M. Rivière, devenu mercredi soir vice-président et porte-parole du parti de M. Zemmour, Reconquête!, s'est dit convaincu sur RMC que Mme Le Pen n'est pas en mesure "de gagner" la présidentielle. Autrefois député des Alpes-Maritimes sous la bannière UMP, il était porte-parole de la campagne présidentielle de Marine Le Pen pour la presse étrangère.
Un militant emblématique de l'extrême droite lui a embrayé le pas: Damien Lefèvre, mieux connu sous le pseudonyme de Damien Rieu. C'est une figure de la feue association "Génération identitaire" dissoute cet automne et surtout l'attaché parlementaire de l'eurodéputé Philippe Olivier, lui-même beau-frère et proche conseiller de Marine Le Pen.
"C'est grâce au courage politique d'Eric Zemmour que nous arriverons à bâtir sur le long terme un mouvement de défense des intérêts des Français", a écrit dans un communiqué le trentenaire, qui estime qu'au RN, "nous n'arrivons plus à mobiliser nos électeurs" et que "beaucoup de cadres et militants n'y croient plus".
A propos de M. Lefèvre/Rieu, l'entourage de Marine Le Pen a jugé que ce départ montrait sa "duplicité".
Eric Zemmour, qui tiendra un grand meeting samedi soir à Cannes, s'est réjoui de l'arrivée des deux ex-RN, en louant "l'insolence et le courage" du militant identitaire.
Ces ralliements doivent mettre un terme à la mauvaise passe de l'ex-polémiste, en baisse dans les sondages et qui doit comparaître jeudi après-midi devant la Cour d'appel de Paris pour contestation de crime contre l'humanité après avoir soutenu que le maréchal Pétain avait "sauvé" les juifs français - il avait été relaxé en première instance.
La cour d'appel de Paris a rejeté jeudi sa demande de renvoi.
- Le PS n'a "pas assez travaillé" -
A moins de trois mois du premier tour, une autre guerre fratricide court, cette fois à gauche: Anne Hidalgo et Christiane Taubira, en concurrence frontale, continuent à battre la campagne jeudi pour tenter de faire la différence au sein d'un camp plus désuni que jamais.
La maire de Paris, en déplacement dans l'Oise dans la matinée, et l'ex-ministre de la Justice, attendue à SciencePo Lille dans l'après-midi, sont toutes deux mal placées dans les sondages.
Figure de la campagne de Mme Hidalgo, Carole Delga, par ailleurs présidente de la région Occitanie, a reconnu jeudi que le PS n'avait "pas assez travaillé" en vue de la présidentielle des 10 et 24 avril.
"Nous avons tous une responsabilité collective", a-t-elle admis sur Public Sénat, tout en assurant que la candidate investie par le PS était la seule à gauche à avoir "la stature, l'expérience, la solidité morale" pour devenir présidente.
Comme la France insoumise et son chef Jean-Luc Mélenchon, Mme Delga s'en est par ailleurs pris à "la Primaire populaire", initiative "citoyenne" qui entend désigner un candidat unique de gauche à la présidentielle fin janvier, et pour laquelle les organisateurs affirment avoir recueilli 310.000 inscriptions.
Problème: parmi les sept noms proposés, seule Christiane Taubira a accepté de se soumettre au résultat, mais pas Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou Anne Hidalgo.
"Cet espoir qui est né (...) débouche sur un projet qui n'est pas sérieux", a regretté Mme Delga.
Dans la majorité, tous les regards étaient braqués vers la grève des enseignants. La mobilisation s'est finalement révélée toute relative, de quoi faire pousser un ouf de soulagement à la macronie qui espère sortir d'une zone d'incertitude pour enfin se préparer à se lancer dans la campagne présidentielle.