11.12.07 - TPIR/MILITAIRES II - LE GENERAL BIZIMUNGU DIT AVOIR APPELE A L’ARRET DES MASSACRES

Arusha, 11 décembre 2007 (FH)-Le général Augustin Bizimungu, chef d’état-major de l’armée rwandaise en 1994, a affirmé avoir constamment appelé à l’arrêt des massacres, lors de son témoignage mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Poursuivi pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, le général Bizimungu est jugé depuis septembre 2005 avec trois autres officiers. Il plaide non coupable. Depuis la semaine dernière, il témoigne pour sa propre défense. Après avoir terminé mardi après-midi son interrogatoire principal, il va être contre- interrogé par les autres équipes de défense qui passeront le relais au procureur. Son témoignage est prévu pour s'achever vendredi.

Trés précis et particulièrement clair dans ses explications le général Bizimungu a déclaré que dès sa nomination à l’état major à la mi-avril 1994, il avait invité la population à « enterrer la hache de guerre ». « Trop, c’est trop », a cité Bizimungu en évoquant un extrait de son message radiodiffusé le 22 avril 1994.

Il a ajouté que la veille, il avait mandaté deux hauts gradés auprès du gouvernement qui s’était replié au centre du pays afin qu’ils interviennent auprès des responsables des partis politiques afin qu’à leur tour ils ordonnent à leurs adhérents qui commettaient des massacres d'y mettre fin. « Quand j’avais l’occasion de parler au premier ministre ou au ministre de la défense, je leur tenais ce langage de paix », a-t-il poursuivi.

Le général Bizimungu a mis en preuve une déclaration du premier ministre Jean Kambanda pour appuyer sa thèse. « Je recevais les plaintes répétées du chef d’état-major de l’armée et de son adjoint (le général Gratien Kabiligi jugé dans une autre affaire) me demandant d’intervenir auprès des partis politiques en général et du MRND (parti présidentiel) afin de faire cesser les massacres à Kigali et dans tout le pays », indique Jean Kambanda qui a été condamné à la prison à vie par le TPIR en 1998.

« Je n’ai cessé de le répéter malgré les conditions difficiles dans lesquelles nous étions, c’était une constante pour moi », a expliqué le général Bizimungu. « En faisant ces gestes….je ne savais pas que j’irai devant un tribunal, je les posais parce que j’en étais convaincu », a-t-il renchéri.

Le général Bizimungu a par ailleurs répondu aux allégations selon lesquelles il aurait refusé délibérément de punir les militaires qui s’étaient livrés aux exactions, affirmant que la situation qui prévalait ne lui permettait pas d’avoir accès à l’information. « A partir du 19 avril, la situation tactique que nous avions, les moyens de communication qui se perdent, le personnel de l’état major qui se réduit comme peau de chagrin » font que le chef d’état major n’a pas d’informations, a dit Bizimungu.

Il a cependant déclaré qu’il avait proposé au ministère de la défense le remplacement de certains commandants de secteurs. « Tout cela c’était dans le souci de demander qu’il y ait une stabilisation du commandement qui puisse établir un contrôle disciplinaire sur les troupes mais la situation ne le permettait pas », a-t-il témoigné.

Le général Bizimungu a assuré qu’il avait agi en fonction des bribes d’informations qu’il avait obtenues. Il a ajouté que les pouvoirs du chef de l’état major de l’armée en 1994 étaient limités. Celui-ci, a-t-il dit, n’est pas le chef des armées (militaires et gendarmes) d’avant la réforme de 1992, mais quelqu’un qui dépend du ministre de la défense et qui n’a sous ses ordres que quelques officiers.

Bizimungu est jugé avec le général Augustin Ndindiliyimana, ancien chef d’état-major de la gendarmerie ainsi qu’avec le major François-Xavier Nzuwonemeye et le capitaine Innocent Sagahutu qui commandaient le bataillon de reconnaissance, une unité d’élite de l’ancienne armée rwandaise.

AT/PB/GF

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