Un ancien responsable de la prison honnie de Pul-e-Charkhi en Afghanistan sous le régime communiste afghan a commencé à être jugé mercredi à La Haye pour crimes de guerre, a-t-on appris auprès du procureur.
Abdul R, âgé de 76 ans, était le responsable de la prison située à l'Est de Kaboul de 1983 à 1990, lorsque des opposants au régime communiste étaient détenus sans être jugés et "traités de façon inhumaine", selon le procureur.
Il a émigré aux Pays-Bas en 2001 et avait ensuite acquis la nationalité néerlandaise, avant d'être arrêté en 2019.
"C'est le procès d'un homme qui selon nous a commis un certain nombre de crimes de guerre à Kaboul", a déclaré à l'AFP le procureur Mirjam Blom.
"Nous le soupçonnons d'avoir travaillé dans cette prison en tant que des responsable des affaires politiques, alors que des hommes y étaient détenus arbitrairement et traités de façon inhumaine", a ajouté le procureur.
Se présentant en chaise roulante, Abdul R., père de quatre enfants, a déclaré être victime d'une erreur judiciaire, n'étant pas la personne recherchée.
"Je ne suis pas la personne que vous recherchez", a-t-il déclaré avant de refuser de répondre aux questions, en soulignant ne pas se sentir bien et vouloir retrouver sa cellule. "Je ne me rappelle de rien, même pas de mon nom", a-t-il dit.
La police a commencé à enquêter sur son cas en 2012 après des premières publications dans des blogs assurant qu'il résidait aux Pays-Bas. "Nous avons fini par retrouver sa trace", a poursuivi le procureur.
"Nous sommes convaincus d'avoir affaire à la bonne personne", a assuré le procureur, faisant valoir que les autorités avaient pu interroger 25 témoins au cours de l'enquête.
Les talibans avaient ouvert les portes de la prison de Pul-e-Charkhi quand ils ont pris la capitale. Ils affirment que les 11 blocs de l'aile principale abritaient chacun 1.500 détenus, au sein d'une prison construite à l'origine pour en accueillir 5.000.
La construction de Pul-e-Charkhi, plus grande prison d'Afghanistan, a commencé dans les années 1970. L'endroit a été dénoncé par des groupes de défense des droits de l'homme du fait des conditions de vie exécrables des détenus.
Abdul R. est jugé aux Pays-Bas au nom du principe de la "compétence universelle" qui permet de juger de personnes accusées de crimes d'une gravité exceptionnelle même s'ils ont été commis dans un autre pays.
Dans le cadre du même principe, un médecin syrien est jugé en Allemagne où il doit répondre de 18 cas de torture d'opposants au régime de Bachar al-Assad et du meurtre par injection d'un détenu.