Ethiopie: 5 morts et des femmes kidnappées dans une attaque contre un camp de réfugiés

Cinq personnes ont été tuées et plusieurs femmes kidnappées dans une attaque début février contre un camp de réfugiés érythréens dans la région de l'Afar, dans le nord de l'Ethiopie, en proie aux combats qui ont fait des milliers de déplacés, a annoncé vendredi l'ONU.

Le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) a rapporté cette attaque datant du 3 février après avoir recueilli les témoignages de personnes ayant fui le camp de réfugiés de Barahle, proche de la frontière avec la région instable du Tigré.

Selon ces réfugiés, "des hommes armés sont entrés dans le camp le 3 février, ont volé leurs biens et occupé leurs maisons", détaille le HCR, en évoquant "au moins cinq réfugiés (...) tués et plusieurs femmes kidnappées".

"Des familles se sont perdues dans le chaos de la fuite du camp", ajoute dans son communiqué le HCR, qui ajoute avoir pris en charge "des milliers de réfugiés de Barahle et ses environs" fuyant les combats qui ont "englouti" la zone.

Quinze mois après le début au Tigré d'un conflit entre forces progouvernementales et rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), les combats se concentrent depuis plusieurs semaines dans la région voisine de l'Afar.

Le TPLF, qui contrôle la majeure partie du Tigré, a annoncé en janvier mener des opérations en Afar en réponse à des attaques des forces progouvernementales contre ses positions.

- "Pas de soldats" -

Le HCR ne donne aucune indication sur l'identité des assaillants du camp de Barahle.

Interrogés cette semaine par l'AFP dans la capitale de l'Afar, Semera, plusieurs survivants ont montré du doigt le TPLF.

"Je n'avais jamais rien vu de tel", a déclaré l'un d'entre eux, Mahamooda Ahmed.

"Je n'avais jamais vu des soldats ouvrir le feu sur des civils. Il n'avait pas de soldats à combattre. C'étaient des civils, y compris des femmes et des enfants. Et ils utilisaient des armes très lourdes", a-t-il raconté.

Deux de ses sept enfants, un garçon de six ans et une fille de quatre ans, sont portés disparus, ainsi qu'une de ses deux épouses.

Des membres du gouvernement régional Afar ainsi que le Service national éthiopien des réfugiés et des rapatriés ont également accusé le TPLF.

Aucune de ces affirmations n'a pu être vérifiée de manière indépendante, et les dirigeants du TPLF n'étaient pas joignables dans l'immédiat.

- Réfugiés -

Plus de 100.000 réfugiés érythréens vivent en Éthiopie, et les camps qui les abritent ont été pris pour cible à plusieurs reprises durant le conflit, entamé en novembre 2020 après que le Premier ministre a envoyé l'armée destituer les autorités régionales issues du TPLF.

L'ONG Human Rights Watch a affirmé dans un rapport mi-septembre que des réfugiés érythréens ont été victimes d'exactions, notamment d'exécutions sommaires et de viols, dénonçant des "crimes de guerre manifestes".

Dès le début du conflit, les camps de Hitsats et Shimelba, dans le nord du Tigré, ont été pillés puis complètement détruits.

L'armée érythréenne, qui a soutenu les forces éthiopiennes, comme les rebelles tigréens sont accusés d'y avoir tué et violé des réfugiés. Des milliers de résidents de ces camps sont toujours portés disparus.

En juillet, les camps de Mai-Aini et Adi Harush ont également été pris dans les combats.

L'attaque de Bahrale est la première contre un camp hors du Tigré.

Créé en 2009, il abritait près de 21.000 réfugiés en décembre 2021, selon l'ONU, et plus de 13.000 réfugiés supplémentaires vivaient dans les districts environnants.

Selon le HCR, plus de 4.000 réfugiés de Bahrale ont gagné Semera. L'AFP y a vu cette semaine des centaines de personnes rassemblées sur le terrain d'un hôtel de luxe fermé, certains utilisant des cartons pour se protéger du soleil brûlant.

Environ 10.000 autres réfugiés "vivraient dans la ville d'Afdera, à environ 225 kilomètres de Semera", selon le HCR.

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