31.01.08 - RWANDA/ONU - BAN KI-MOON FACE AUX HORREURS DU GENOCIDE

Kigali, 31 janvier 2008 (FH) – Un après son élection, le patron des Nations Unies, Ban Ki-moon, s’est rendu cette semaine au Rwanda où il s’est retrouvé face aux plaies encore mal cicatrisées du génocide de 1994 et a réaffirmé son engagement pour que ce crime ne se reproduise plus.

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Au mémorial du génocide à Kigali, sur un versant de la colline de Gisozi, l’ancien chef de la diplomatie coréenne, s’est fait expliquer, par un guide, la genèse et l’exécution du génocide. Cette étape de sa visite l’a interpellé à plusieurs occasions, notamment lorsqu’il a lu sur un mur du mémorial : « Le monde se retira et observa en silence alors que se déroulait le massacre de plus d’un million de gens ». Ce texte fait référence au retrait, dès les premiers jours du génocide, en avril 1994, des soldats belges qui constituaient le plus important contingent de la force de l’ONU au Rwanda. Dans le livre d’or du mémorial, Ban-Ki-moon, dont le prédécesseur, Kofi Annan, était alors chef des opérations de maintien de la paix, a écrit, en anglais et en coréen : « le génocide, plus jamais ». « Je suis venu exprimer ma solidarité », a-t-il déclaré après avoir suivi des extraits d’un film où de jeunes survivants du génocide racontent les séquelles auxquelles ils sont confrontés tous les jours. « J’avais trois ans, je ne connais mes parents que par ces images que j’ai pu recueillir dans les ruines de notre maison », raconte un de ses jeunes. Pour témoigner sa solidarité aux rescapés du génocide, le patron de Nations Unies a donné une contribution personnelle de 10.000 dollars. De son côté, son épouse s’est rendue au siège de l’Association des veuves du génocide (AVEGA) où elle a entendu le témoignage d’une femme vivant actuellement avec le virus du sida, contracté lors de plusieurs viols subis en 1994. Mme Ki-moon a promis de se faire l’avocat de ces veuves auprès des organisations d’assistance. Pendant ce temps, le secrétaire général s’adressait aux deux chambres du parlement. « En tant que ministre des Affaires étrangères de la République de Corée, je suis venu il y a deux ans rendre hommage aux victimes et aux survivants du génocide de 1994, un des chapitres les plus sombres de l'histoire de l'humanité », a-t-il rappelé, ouvrant, en langue française, un discours qu’il a poursuivi en anglais. « En tant que Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, je suis encore plus profondément touché par ce que j'ai vu, et par les horreurs que le peuple rwandais a vécues il y a 14 ans. Ces événements hanteront l’ONU, et la communauté internationale, pendant des générations », a-t-il déclaré. Réitérant que la communauté internationale doit tirer des leçons du cas du Rwanda, il assuré que tout sera désormais fait à temps « pour que des populations ne soient plus victimes de génocide, de nettoyage ethnique ou de crimes contre l’humanité ». Plus tôt dans la journée, lors d’une conférence de presse à la présidence de la République, après un entretien avec le chef de l’Etat, Paul Kagame, il avait qualifié d’inacceptable la violence post-électorale en cours au Kenya et affirmé suivre de très près la situation et s’être entretenu le matin à ce sujet avec son prédécesseur, Koffi Anan, un des médiateurs dans la crise kényane. Il a souligné la nécessité de s’attaquer (aux) « causes profondes des conflits pour que les atrocités commises ici il y a 14 ans ne se reproduisent nulle part au monde ». ER/PB/GF © Agence Hirondelle