27.02.08 - TPIR/GOUVERNEMENT II - L’EX-MINISTRE MUGIRANEZA N’AVAIT PAS DE LIENS AVEC LES INTERAHAMWE

Arusha, 27 février 2008 (FH) - L’ex-ministre Prosper Mugiraneza n’avait pas de liens avec des miliciens Interahamwe responsables de massacres de Tutsis en 1994, a affirmé un témoin mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Mugiraneza, 51 ans, un ancien ministre de la fonction publique, est accusé de génocide et de crimes contre l’humanité commis dans sa commune natale de Kigarama à l’est du Rwanda.

Le témoin protégé « LWZ », une femme tutsie, est, elle-même, native de Kigarama. Elle a été citée par la défense de l’ex-ministre jugé avec trois autres membres du gouvernement intérimaire en place entre avril et juillet 1994. Tous plaident non coupable. « Je ne connais aucun lien qu’il a eu avec les Interahamwe », a déclaré Mme LWZ en répondant à Me Tom Moran, l’avocat principal de Mugiraneza.

LWZ a expliqué qu’elle était membre des Interahamwe, aile jeunesse de l’ancien parti au pouvoir, avant qu’ils ne soient rejoints par des tueurs au lendemain du 6 avril 1994. « Nous chantions des louanges pour notre parti, nous dansions », a indiqué le témoin, évoquant la situation antérieure au 6 avril 1994.

« Pendant la guerre, les choses étaient très graves. Je ne sais pas si Mugiraneza avait une quelconque autorité. Il ne pouvait pas contrôler les Interahamwe….sauf s’il était prêt à mourir », a poursuivi le témoin, décrivant la tournure qu’avaient pris les événements. « Ils n’avaient pas à obtenir quelque ordre venant de qui que ce soit parce qu’ils étaient déterminés à tuer. Ils étaient comme des animaux. On ne peut pas dire à un animal de ne pas tuer », a souligné le témoin.

LWZ a, au passage, réfuté les allégations selon lesquelles Mugiraneza aurait invité des Interahamwe à son domicile pour animer un spectacle au cours d’une fête familiale. « Mon groupe n’est jamais allé danser chez Mugiraneza. Les danses n’avaient pas lieu chez Mugiraneza. Elles avaient lieu au terrain de football local », a-t-elle clarifié.

Elle a en outre nié que l’accusé ait dirigé des réunions nocturnes à l’intention des Interahamwe. "Je n’ai jamais entendu parler de réunions qui se seraient tenues pendant la nuit. S’il avait tenu ces réunions dans notre localité, j’en aurais entendu parler », a affirmé le témoin.

LWZ a par ailleurs indiqué qu’elle-même et deux autres personnes avaient été contactées par les autorités locales au Rwanda en vue de témoigner à charge contre Mugiraneza mais qu’elles avaient refusé.

Mugiraneza est accusé avec l’ancien ministre de la santé Casimir Bizimungu, celui des affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka et celui du commerce Justin Mugenzi. Ce procès conjoint a commencé en novembre 2003. Mugiraneza est le dernier à présenter sa défense.

AT/PB/GF

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