23.05.08 - TPIR/SYNTHESE HEBDOMADAIRE - PRUDENCE AU SUJET DE LA REDDITION D‘UN ACCUSE PHARE

Arusha, 23 mai 2008 (FH) - Arusha et Kigali se sont montrés très prudents au sujet d'une éventuelle volonté de reddition de l'homme d'affaires Félicien Kabuga, un accusé phare devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), annoncée par un journal d'information en ligne basé en Norvège.

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Selon African Press International, Kabuga, 73 ans, serait prêt à se rendre aux autorités rwandaises si elle acceptent ses conditions. L'homme d'affaires rwandais, considéré par le procureur du TPIR comme le financier du génocide, demande notamment que son état de santé soit pris en compte, ainsi que les intérêts de sa famille.

Kabuga, qui aurait été interviewé le 12 mai à Oslo par African Press International, a déclaré qu'il n'avait pas confiance en la justice rendue au TPIR. Il a en revanche affirmé qu'il pourrait faire des révélations importantes devant les tribunaux de son pays, qui pourraient permettre de punir les véritables assassins de son peuple.

Interrogé par l'agence Hirondelle, le procureur général rwandais, Martin Ngoga, a indiqué que les autorités rwandaises n'avaient aucun contact avec le fugitif ni avec ses avocats.

Cette interview a été par ailleurs prise avec précaution à Arusha, certains craignant qu'il ne s'agisse d'une manœuvre. Si Kabuga devait être arrêté, rappelle-t-on à Arusha, le TPIR bénéficie d'une primauté de juridiction qui assure qu'il serait présenté devant les juges internationaux.

Kabuga est recherché par le TPIR pour cinq chefs d'accusation : conspiration en vue de commettre un génocide, génocide, complicité de génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, persécution en tant que crime contre l'humanité.

Riche commerçant, Kabuga est notamment suspecté d'avoir financé la milice Interahamwe, fer de lance du génocide, ainsi que la Radio- télévision libre des mille collines (RTLM) qui lançait des appels aux massacres.

Côté audiences, trois procès se sont poursuivis au cours de la semaine : Butare, Gouvernement II et Kalimanzira.

Dans Butare, la plus vieille affaire de celles qui sont en cours devant le TPIR, le dernier des six accusés a entamé sa défense. Il s'agit de l'ex-maire Elie Ndayambaje arrêté en Belgique en 1995. Dans sa déclaration liminaire, le défenseur de Ndayambaje, Me Pierre Boulé (Canada), s'est appesanti sur les retards mis par le TPIR à juger son client, expliquant que « depuis son arrestation, nous sommes passés d'un siècle à l'autre ». Me Boulé a indiqué qu'il présentera trente témoins.

Dans Gouvernement II où comparaissent quatre anciens ministres, l'un d'entre eux, Prosper Mugiraneza, qui détenait le porte- feuille de la fonction publique, a témoigné pour sa propre cause. Il a notamment déclaré qu'il n'avait pas de liens ni avec la milice Interahamwe ni avec la radio RTLM.

Dans le procès Callixte Kalimanzira commencé le 5 mai, le procureur a poursuivi la présentation des preuves à charge. Cet ancien haut fonctionnaire est notamment accusé de massacres d'environ 20.000 Tutsis qui s'étaient réfugiés sur une colline nommée Kabuye au sud du pays. Il plaide non coupable.

La semaine prochaine, le TPIR reprendra notamment les débats dans le procès Militaires II qui concerne quatre officiers. Il était suspendu depuis le 6 mars dernier.

Figurent également au rôle les plaidoiries dans deux affaires : Simon Bikindi, un musicien de renom accusé de génocide (le 26 mai) et Protais Zigiranyirazo, un beau-frère de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana (le 28 et le 29 mai).

AT/PB/GF

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