Le 6 juin dernier, le haut fonctionnaire a été reconnu coupable et condamné pour sa responsabilité et sa complicité dans les assassinats de 30.000 personnes réfugiées à la paroisse de Mugina, dans une expédition au cours de laquelle 2 enfants ont été tués dans la famille de Faustin Munyaruhongore, détention illégale et usage d'une arme à feu, dans une autre expédition qui a tué plusieurs personnes à Mukunguri, et dans l'assassinat d'un certain Calixte.
Plus de 30 témoins, complices de l'accusé et qui l'avaient dénoncé dans leur plaidoirie de culpabilité, sont venus témoigner pour sa défense. L'un d'eux a reconnu dans son contre-interrogatoire avoir été soudoyé. Cinq autres ont été condamnés pour parjures et leurs procès seront revus, a appris l'agence Hirondelle auprés d'un des juges.
« Nous savions tout mais nous avions peur de dire la vérité : il a l'argent, il vivait dans la sphère des grands et il a une grande famille ici, au moment où nous nous sommes seuls et sans défense. Même les juges ont cédé à toute cette pression et l'ont acquitté à plusieurs reprises», a expliqué une veuve, rescapée de l'hecatombe de la paroisse de Mugina dans le secteur de Mukinga comme l'accusé.
Lors des trois procès qui ont eut lieu dans ce secteur, au 1er degré, en appel et en révision, l'accusé avait été acquitté a-t-elle expliqué. "Soit les victimes, non avisées étaient absentes au procès, soit qu'on leur refusait la parole (...) l'argent tombait à flots ! Nous avons dû écrire un mémorandum au Service National des Juridictions Gacaca demandant encore la révision du procès par une autre juridiction que celle de Mukinga qui a fait preuve de partialité. Nous sommes contents que cette juridiction de Ruyenzi ait résisté à la corruption et fait justice" ajoute-t-elle.
«C'est scandaleux, toute cette histoire ! Mon mari est retourné en prison pour avoir menti et voulu protéger ce tueur. Et l'argent promis n'a pas été versé en totalité. Cela compromet autant ma famille que l'unité et la réconciliation. Et c'est une autorité qui est la cause de tout ça ! », dit en colère et sous couvert d'anonymat, la femme d'un témoin condamné à 1 année d'emprisonnement.
"Il a fallu suivre de près le procès surtout dans sa dernière audience, parce qu'on savait que le corrupteur était aux aguets pour jouer sa dernière carte », a expliqué un policier. Détenu à la prison centrale de Gitarama, Murenzi aurait demandé la révision de son procès.
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