07.07.08 - TPIR/DETENUS - KIGALI CHOQUE PAR LA DECISION D'AUTORISER DES VISITES CONJUGALES

Arusha, 7 juillet 2008 (FH) - Les autorités rwandaises sont choquées et ont qualifié de "ridicule" et de "parodie de justice" la récente décision du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) d'autoriser ses détenus à recevoir des visites conjugales.

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" De nombreuses personnes considère que c'est ridicule... je ne sais pas quelle sorte d'héritage le TPIR va laisser derrière lui" a affirmé furieux M. Martin Ngoga, le procureur général du Rwanda, interrogé au télephone depuis Arusha.

Selon le responsable de la justice rwandaise cette décision "tombe mal" et pourrait remettre en cause la crédibilité du tribunal des Nations Unies. Le Rwanda n'autorise pas les visites conjugales pour ses prisonniers.

Cette décision pourrait avoir des conséquences sur les transferts de condamnés du TPIR vers le Rwanda demandés par Kigali depuis longtemps. Le droit à des visites dites conjugales avait été réclamé par les détenus du TPIR à plusieurs reprises. Notamment par Hassan Ngeze qui avait vainement demandé en 2005 à se marier en prison et à y consommer son mariage. Il est déjà reconnu aux détenus du tribunal installé à La Haye pour juger les crimes commis dans l'ex-Yougoslavie.

En confirmant cette mesure le porte-parole du TPIR, Roland Amoussouga a rappelé que les détenus non encore jugés sont présumés innocents et que les condamnés sont seulement privés de la liberté de mouvement.

Chaque détenu disposera d'un maximum de 3 heures pour rencontrer son conjoint ou sa conjointe, en veillant à ne pas déranger ou distraire le voisinage. Avant la rencontre, le pensionnaire et son conjoint doivent subir un examen médical pour garantir qu'aucun n'est atteint d'une maladie sexuellement transmissible.

Ils sont également fouillés avant et après la rencontre pour s'assurer que le visiteur n'introduise rien au centre de détention ou n'y dérobe quoi que ce soit.

Par ailleurs, aucun détenu ne peut bénéficier de plus d'une visite conjugale au cours d'une période de deux mois consécutifs, sauf si le conjoint réside dans un pays lointain, hors de la Tanzanie et des pays voisins.

Le centre de détention des Nations Unies d'Arusha, installé dans l'enceinte de la prison de la ville à l'ouest de la ville abrite 56 détenus dont 18 ont été condamnés définitivement.

Le débat sur les visites conjugales pour les détenus, en particulier ceux qui ont été condamnés, est d'actualité. Certains pays estiment qu'un condamné n'a pas droit à des rapports sexuels alors que les activistes des droits de l'homme soutiennent le contraire. Au Rwanda il arrive que des femmes deviennent enceintes pendant leurs détentions mais les enquêtes ont prouvé jusqu'à présent qu'elle avaient eu des relations sexuelles alors qu'elles se trovuaient à l'extèrieur de la prison.

Des pays conservateurs comme l'Arabie Saoudite garantissent ce droit depuis des années alors que l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande n'autorisent pas de visite conjugale. Ces pays autorisent cependant des visites à domicile pour ne pas couper le pont avec le monde extérieur.

SC/PB/GF

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