22.08.08 - RWANDA/GACACA - UN COLLABORATEUR DU PREFET RENZAHO JUGE EN REVISION

Kigali, 22 aout 2008 (FH) - Le procès d'Hermann Rushigajiki, ancien collaborateur du prefet Tharcisse Renzaho, en cours de révision depuis deux mois devant la juridiction gacaca du secteur Nyakabanda de la ville de Kigali, doit reprendre dimanche.

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Classé dans la 1ère catégorie des planificateurs du génocide, Hermann Rushigajiki est accusé de « l'assassinat de toutes les personnes tuées à Nyakabanda, le listing des Tutsi à tuer, la sensibilisation et le monitoring du génocide, la détention et la distribution d'armes, les réunions de préparation du génocide et la supervision de l'Etat-major des miliciens dans le secteur de Nyakabanda», selon l'acte d'accusation

Les témoins de l'accusation sont unanimes sur la responsabilité de l'accusé dans « l'assassinat de John Nsengiyumva et son beau-frère Jean Baptiste Kaboyi, Kayitare Bernard et son fils Kayitare Benoît, Mukagasana Yvonne et sa mère Gahongayire, Ngarambe Vianney, toute la famille du chanteur Loti Bizimana, la famille Kamanayo, Benoît et Fulgence », précise encore l'acte d'accusation

« La maison de feu John Nsengiyumva était presque mitoyenne avec celle de mon frère. J'y étais. Hermann a dit aux messieurs avec lesquels il était ‘c'est ici qu'habite le nommé Nsengiyumva' en pointant du doigt sa maison. Quelques instants après, ces messieurs sont revenus à la tête de l'expédition qui a tué cette famille. J'en suis témoin », a indiqué un témoin

L'accusé plaide non coupable pour tous ces chefs d'accusation. « Je ne pouvais rien faire de tout cela. J'étais vulnérable moi-même, ma femme étant tutsi et appartenant moi-même au parti MDR modéré de Faustin Twagiramungu. Les génocidaires n'avaient aucunement confiance en moi », plaide Rushigajiki.

Néanmoins, plusieurs témoins l'ont décrit comme un homme de confiance du régime alors en place : d'assistant Bourgmestre en Commune Kacyiru, il a été fonctionnaire au Ministère de la Justice, sous Agnès Ntamabyariro, et, mieux encore, chargé de délivrer des laissez-passer pour véhicules, pendant le génocide, à la Mairie de la Ville de Kigali, sous la supervision du Préfet Renzaho. « Chaque jour un véhicule venait le prendre et le ramenait de la mairie », a précisé un de ses anciens voisins

« Tous les partisans du MDR modéré étaient pourchassés et tués. Ni les tueurs ni tes ennemis ne t'ont fait aucun mal. Ou alors, personne ne t'a signalé à ton chef Renzaho, qui orchestrait les tueries. Quelle relation y avait-il entre lui et toi ? », interroge Monsieur Benoît Ngarambe, le président de la juridiction. « C'est Dieu qui m'a protégé », répond, du bout des lèvres Rushigajiki.

Au premier degré puis en appel Rushigajiki a été acquitté par la juridiction de Rwezamenyo. Ses accusateurs sont soit d'anciens détenus, des compagnons de prison de l'accusé et des rescapés : « l'argent a coulé et noyé la vérité, et, avec elle, veut cacher les crimes d'Hermann », a expliqué un détenu venu témoigner.

SRE/PB/GF

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