10.09.08 - TPIR/BUTARE - UN PRETRE RECONNAIT AVOIR LIMITE L'ACCES A SON EGLISE

Arusha, 10 septembre 2008 (FH) - Le père Tiziano Pegoraro, un prêtre catholique italien qui était au Rwanda lors du génocide de 1994, a admis mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avoir demandé aux réfugiés Tutsis de quitter l'église de Muganza, au sud du pays, pour chercher refuge ailleurs, a constaté l'agence Hirondelle.

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« Oui, je leur ai conseillé de quitter l'église parce que la manière dont ils étaient venus n'était pas conforme aux valeurs chrétiennes », a reconnu l'homme d'église. Interrogé sur ces valeurs, il a expliqué qu'ils étaient venus armés de machettes.

Le prêtre qui répondait aux questions de la procureure Althea Alexis (Trinidad et Tobago) a expliqué à la chambre avoir demandé aux réfugiés, dont le nombre était évalué entre 200 et 300, de déposer leurs machettes et autres armes traditionnelles. Ceux qui ont obéi ont déposé leurs armes devant le presbytère, qui se trouvait dans l'enceinte de l'église paroissiale.

« Pour ceux qui étaient à l'intérieur de l'église, je priais pour eux. Je leur ai dit de chercher d'autres endroits où il y avait plus de sécurité, comme dans le voisinage des écoles », a poursuivi le père qui savait alors que d'autres églises avaient été attaquées.

Le Père Pegoraro a indiqué qu'il s'était rendu en personne au bureau communal, le matin du 20 avril 1994, pour demander de l'aide face à l'insécurité. « Il n'y a eu aucune intervention des autorités », a-t-il dit. Pendant ce temps, a-t-il dit, l'église a été attaquée, une personne a été lapidée à mort et les vitres de l'édifice religieux brisées.

Le prêtre était cité par la défense d'Elie Ndayambaje, ancien maire de Muganza, dans la préfecture de Butare (sud du Rwanda). Il a décrit Ndayambaje comme un homme de confiance soucieux d'améliorer les conditions de vie des habitants. Selon le prêtre qui a vécu au Rwanda près de 11 ans, «les groupes ethniques (Hutus et Tutsis) cohabitaient... De son temps, le climat social était excellent ». Ndayambaje a été maire de Muganza jusqu'en 1992 et a été renommé à ce poste en juin 1994.

Il est jugé depuis juin 2001 avec cinq autres accusés, dans l'affaire dite « Butare ». Tous les six accusés, parmi lesquels l'ex-ministre de la Famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, plaident non coupables des crimes de génocide et des crimes contre l'humanité portés contre eux. Leur procès est le plus ancien et le plus lent du tribunal.

SC/ER/GF

© Agence Hirondelle