12.09.08 - RWANDA/JUSTICE - L'EX MINISTRE RWANDAISE DE LA JUSTICE S'EN REMET AUX GACACAS

Kigali, 12 septembre 2008 (FH) - Agnès Ntamabyariro, l'ancienne ministre rwandaise de la Justice, seule membre du gouvernement intérimaire à être jugée au Rwanda, a affirmé qu'elle s'en remettait aux juridictions semi traditionnelles Gacaca et aux services de renseignement, tant d'hier que d'aujourd'hui, pour établir son innocence des crimes de génocide et crimes contre l'humanité dont elle est accusée.

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Mercredi, lors de la reprise de son procès devant le tribunal de grande instance de Nyarugenge, un quartier de Kigali, l'accusée à affirmé à la juge unique, Mme Roselyne Ninahazwa, que seuls les services de renseignement et la justice populaire pourraient établir la vérité sur ses faits et gestes avant et pendant le génocide de 1994.

A propos de son éventuelle complicité dans l'assassinat de Protogène Mutembe et de sa sœur Marie Claire Nyinawinkindi, elle a affirmé : « je n'avais aucun intérêt dans la mort de ces enfants que je considérais comme les miens ». L'ancien prefet de Gitarama, Fidèle Uwizeye, avait auparavant, pour l'accusation, affirmé devant la Cour qu'elle avait fait tuer ces enfants qui venaient, pourtant, de participer à une fête familiale chez elle.

L'accusée a eu à se défendre du « sectarisme et divisionnisme » dont elle aurait fait preuve au sein de son parti, le Parti Libéral (PL). Après avoir mentionné certains représentants, tutsi, du parti à tous les échelons, Madame Ntamabyariro a déclaré n'avoir, durant aucun meeting du parti, fait preuve de sectarisme ou de divisionnisme.

Selon l'acte d'accusation, l'ex-ministre est accusée de « planification du génocide, crimes de génocide et crimes contre l'humanité, réunions de planification et d'organisation du génocide à Nyanza et Kibuye, sa préfecture d'origine, campagnes de distribution d'armes, l'assassinat de Jean Baptiste Habyarimana, Préfet de Butare aux premières heures du génocide, et du filleul de son mari».

Mardi, sa requête en « irrecevabilité de l'action du ministère public pour vices de procédure » avait été rejetée. Arrêtée en Zambie en 1997 dans des conditions mal éclaircies et ramenée au Rwanda ou elle vient de passer déjà 10 ans en détention, cet ancienne ministre de la justice, est le seul membre du Gouvernement dit « génocidaire » a être jugé par les juridictions rwandaises. Onze autres ont été ou sont en cours de jugement devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha.

SRE/PB/GF

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