24.09.08 - RWANDA/EGLISE - MEURTRE D'EVEQUES : PRISON A VIE REQUISE CONTRE LES PLUS HAUTS GRADES

Kigali, 24 septembre 2008 (FH) - Le procureur militaire a requis mercredi la prison à vie à l'encontre des plus hauts gradés des quatre officiers de l'actuelle armée rwandaise poursuivis pour le meurtre, le 5 juin 1994, dans le centre du Rwanda, d'une dizaine de responsables de l'église catholique, dont trois évêques, a constaté l'agence Hirondelle.

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Le général Wilson Gumisiriza, le major Wilson Ukwishaka ainsi que les capitaines John Butera et Dieudonné Rukeba ont été arrêtés le 11 juin, à la suite, selon l'armée rwandaise, d'enquêtes conjointes du parquet général rwandais et du procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Leur procès a débuté le 19 août devant un tribunal militaire à Kigali.

Le capitaine Kayijuka Ngabo, officier du ministère public, a requis mercredi la prison à vie contre le général et le major qui ont rejeté, tout au long de la procédure, toute implication dans ce multiple meurtre.

Pour les capitaines Butera et Rukeba, qui ont plaidé coupables, il a demandé qu'ils soient condamnés à 15 ans d'emprisonnement.

Selon Ngabo, le général Gumisiriza et le major Ukwishaka, en leur qualité de commandants à l'époque, disposaient d'informations leur permettant de prévenir le meurtre de ces hommes d'église.

Parlant du cas de Butera et Rukeba, il a déclaré qu' « on n'efface pas le sang par le sang ». Les deux capitaines ont en effet affirmé, dans leur plaidoyer de culpabilité, qu'ils avaient agi par vengeance, car ils avaient, sur leur passage, reçu des informations selon lesquelles des membres du clergé catholique avaient ordonné des massacres de Tutsis, parfois même dans des églises.

Dans leur réaction, les plus hauts gradés, appuyés par leurs avocats, ont expliqué qu'ils ignoraient que ce crime allait être commis.

Ils ont, en revanche, souligné qu'ils avaient sauvé plusieurs personnes à l'époque.

Les capitaines ont, de leur côté, trouvé excessive la peine requise à leur encontre, et appelé la chambre à faire preuve de clémence, en considérant leurs aveux ainsi que les circonstances du crime.

Tous les quatre accusés étaient alors membres de la branche armée du Front patriotique rwandais (FPR, ex-rébellion actuellement au pouvoir à Kigali).

Parmi ces ecclésiastiques tués le 5 juin 1994, à Kabgayi, dans le centre du Rwanda, presque tous des Hutus, figuraient l'archevêque de Kigali, Vincent Nsengiyumva, l'évêque de Byumba (nord) Joseph Ruzindana, et l'évêque de Kabgayi, Thaddée Nsengiyumva, alors président de la Conférence des évêques catholiques du Rwanda.

SRE/ER/GF

© Agence Hirondelle