Mercredi, le procureur militaire a requis la prison à vie contre le général Wilson Gumisiriza et le major Wilson Ukwishaka qui ont rejeté, tout au long de la procédure, toute implication dans ce multiple meurtre.
Il a par ailleurs demandé 15 ans de prison contre les capitaines John Butera et Dieudonné Rukeba, qui ont plaidé coupable.
Avant ce réquisitoire, le tribunal a entendu l'émouvant témoignage d'un religieux, Charles Hatunguramye, qui a déclaré que les évêques n'avaient que mépris pour les Tutsis venus chercher refuge auprès d'eux. Pire encore, a raconté Frère Hatunguramye, les prélats avaient permis aux tueurs d'installer leur quartier général à l'évêché de Kabgayi.
«Les évêques avaient fait leur choix : donner l'hospitalité aux militaires et Interahamwe, au milieu des réfugiés, pour qu'ils puissent les tuer à leur guise. Nous-mêmes religieux, ils nous ont refusé tout, même le droit à la vie », a témoigné le religieux.
D'après lui, les militaires et Interahamwe qui vivaient à l'évêché sortaient avec des listes de personnes à tuer : des religieux ou des personnes bien connues, venues de Kigali ou d'ailleurs. « Leurs sbires, des religieux, faisaient la navette entre l'évêché et les quartiers des réfugiés », a-t-il poursuivi.
« Partez et mourez, de toute façon si vous mourez, vous irez au ciel ! », aurait lancé l'évêque de Kabgayi, Mgr Thaddée Nsengiyumva, à un groupe de religieux tutsis venus chercher refuge au quartier des évêques.
Les capitaines Butera et Rukeba ont indiqué qu'ils avaient été poussés à la vengeance par des récits entendus sur leur passage et selon lesquels ces autorités spirituelles avaient étroitement collaboré avec les bras armés du génocide.
Les quatre officiers ont été arrêtés le 11 juin dernier, à la suite, selon l'armée rwandaise, d'enquêtes conjointes du parquet général rwandais et du procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Leur procès a débuté le 19 août dernier.
Le procureur du TPIR, Hassan Bubacar Jallow, avait averti au lendemain de l'arrestation, que la justice rwandaise pouvait être dessaisie du dossier si le procès ne répondait pas aux standards internationaux en la matière.
Interrogé par l'agence Hirondelle, le Camerounais William Egbe, chargé par Jallow de faire le suivi de cette procédure, a refusé de donner son appréciation sur le déroulement du procès.
« Je fais directement rapport au procureur (Jallow) lui-même. Lui seul est compétent pour donner cet avis », a répondu M. Egbe, avocat général principal au TPIR.
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