Au terme de ce transport de justice qui les a conduits de Kigali à Gisenyi (Nord), en passant par Gitarama (Centre), après une visite à Kibungo (Est), les parties au procès ont exprimé leur satisfaction. « Cette visite des sites était très intéressante et elle a démontré l'innocence de mon client », a affirmé le Britannique Jonathan Kirk, l'un des avocats de l'ex-ministre du Commerce, Justin Mugenzi.
« Pour moi, cette visite des sites est une confirmation des dépositions des témoins » (à décharge), a renchéri, Michelyne Saint- Laurent, l'avocate canadienne du docteur Casimir Bizimungu, ministre de la Santé dans le gouvernement intérimaire en place pendant le génocide. Me Saint-Laurent a émis le souhait que chaque chambre ait « l'opportunité de visiter les lieux des crimes ».
Les autres accusés sont les ex-ministres des Affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka et de la Fonction publique, Prosper Mugiraneza.
Satisfaction également dans le camp adverse. « Cela renforce certainement notre analyse du dossier », a commenté le Kényan Paul Ng'arua qui conduit l'équipe du procureur dans ce procès. Pour lui, les points de désaccord sont maintenant clarifiés, et dans la plupart des cas, le seraient au profit de l'accusation.
Parmi les sites visités, deux sont plus symboliques que tous les autres. Le centre de Murambi où le tribunal s'est rendu mercredi (dans l'ancienne préfecture de Gitarama) et l'hôtel Palm-Beach visité jeudi (dans l'ancienne préfecture de Gisenyi) au bord du lac Kivu.
C'est à Murambi que le gouvernement intérimaire avait siègé à partir du 12 avril 1994, fuyant l'avancée de l'ancienne rébellion du Front patriotique rwandais (FPR, actuellement au pouvoir). Fin mai 1994, les ministres faisaient à nouveau leurs valises pour, cette fois-ci, aller s'installer au Palm- Beach, avant l'ultime débâcle, à la mi-juillet. Certaines des réunions du conseil des ministres alléguées dans le procès et dont certaines avaient pour but, selon le procureur, d'inciter aux massacres ou des les encourager, se sont tenues en ces deux lieux historiques.
Après ce transport sur les lieux, les parties se retrouveront autour des juges, à une date encore à fixer, pour les réquisitions du procureur et les plaidoiries de la défense.
Avant cela, le procureur et les équipes de défense devront d'ici fin novembre, avoir déposé leurs mémoires écrits.
Ouvert en novembre 2003, ce procès se déroule devant les juges Khalida Rashid Khan (présidente de la chambre), Lee Muthoga et Francis Short.
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