« Je connais très bien le capitaine Sagahutu depuis l'école secondaire. Je l'ai spécialement connu au front, en 1990. C'était un officier responsable, un officier intègre », a témoigné le capitaine Théophile Twagiramungu. « Il jugeait avant d'exécuter les ordres, il savait bien apprécier la situation », a affirmé le témoin qui vit actuellement en exil en Belgique. Le capitaine Sagahutu dirigeait pendant le génocide un escadron du bataillon de reconnaissance basé à Kigali.
Twagiramungu a par ailleurs indiqué que Sagahutu avait sauvé, pendant le génocide de 1994, plusieurs tutsis dont certains occupent actuellement, selon lui, d'importantes fonctions au sein de l'administration rwandaise.
Avant de parler de l'accusé, le témoin a longuement relaté, malgré les protestations du procureur Alphonse Van, son parcours personnel qui l'a notamment conduit dans plusieurs prisons rwandaises avant son acquittement par la Cour suprême et son départ en exil en 2006. Il a indiqué qu'après avoir rejoint « l'armée du vainqueur », il avait été accusé de génocide et jeté en prison en octobre 1994. Acquitté le 20 juin 2001 par le Conseil de guerre, il a de nouveau été incarcéré le 7 janvier 2003 et condamné plus tard à la peine capitale, un jugement qui fut cassé par la plus haute instance judiciaire le 26 février 2006.
Sagahutu est jugé avec trois autres officiers dont l'ancien chef d'Etat-major de l'armée rwandaise, le général Augustin Bizimungu. Inculpés de crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, les 4 accusés plaident non coupables.
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